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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Il Buco

(Italie 2022) drame de Michelangelo Frammartino avec Paolo Cossi, Jacopo Elia, Denise Trombin.
Durée : 1h33.

Note de la rédaction :

Des histoires sans fond, il en existe ! L’histoire d’Il buco, elle, ne manque pas… de fond. Au sens propre, car il s’agit là de revenir sur un fait historique majeur en Italie, dans les années 60 : la découverte d’une des cavités terrestres les plus profondes au monde, pour l’époque. Comme au figuré. Car Il buco, littéralement “Le trou“ est un film d’une profondeur extrême ; intense et lente contemplation d’un paysage quasi primitif, figé, intact. A l’image de ce vieux berger au visage fissuré par le temps, assis, dans sa vallée, près de son arbre à observer, muet, ces tableaux que lui offre la nature… Et les spéléologues qui descendent dans les entrailles de la terre. Et dans les siennes, aussi, étrangement. De longues séquences fixes s’enchaînent, comme pour mieux s’imprégner des émotions qui y émanent. Dans un silence majestueux quasi total… Quelques onomatopées, borborygmes et sifflements suffisent à entendre ce que le berger a à nous dire… D’autres bruits, mats et incisifs, pour seul langage ainsi que quelques rires et mouvements de gestes pour seule parole viennent titiller nos tympans. Un film sans dialogue ni sous-titrage donc. Un procédé qui ne déstabilise en rien. Qui coule même de source tellement les images et les incrustations sonores qui les nourrissent se suffisent à elles-mêmes. En plus de nous inviter à un voyage sensoriel étonnant et puissant, Michelangelo Frammartino nous plonge, avec force poésie, dans un jeu d’ombres et de lumières savamment dosé. Qu’il se passe dans le village d’à côté, où les habitants caressent la douceur d’une vie simple. Au rythme des prières, des courses des enfants dans les ruelles, des actualités qui défilent en noir en blanc sur le petit écran de la place centrale. Ou qu’il se passe dans cette grotte de Calabre, impressionnant dédale de tunnels étroits et tortueux que seuls les lampes frontales et quelques morceaux de papiers enflammés éclairent… Ce jeu nous a enveloppés, conquis par sa singularité. Il buco peut se définir tel un joli conte minimaliste empreint de mystères, à la lisière du docu-fiction, qui sonde, avec une pointe de surnaturel, le rapport entre l’homme et la nature.