[zoom] Frère et sœur
(France 2022) drame d'Arnaud Desplechin avec Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Golshifteh Farahani.
Durée : 1h48.
C’est quoi la haine ? Arnaud Desplechin tente de nous la dépeindre à travers l’histoire intime d’une sœur et d’un frère. Alice (Marion Cotillard) et Louis (Melvil Poupaud) ne se voient plus depuis des années mais sont contraints de se confronter lors de la mort de leurs parents. Pourquoi l’un et l’autre se détestent à ce point ? Le récit nous perd dans les possibles raisons d’une telle détestation. Sont-ce des blessures juvéniles ? Sont-ce des blessures juvéniles ? Louis manifeste sa rancœur auprès de son ami psychiatre (Patrick Timsit), en feuilletant l’album de famille, considérant que sa sœur ait été la préférée de ses parents. Est-ce la jalousie d’Alice, actrice reconnue, qui ne supporte pas la reconnaissance de son frère comme écrivain ? Et qui lors d’une soirée de réception d’un prix lui avouera le plus simplement du monde : « Je te hais. » Cette haine va les ronger au fil des années, les poussant dans le gouffre de la dépression et des addictions diverses. Cette aversion inexpliquée perturbe le spectateur car il cherche sans succès la cause de la rupture du lien fraternel entre les deux personnages. Dans ce drame intimiste, il s’agit simplement d’un égoïsme banal. La mort des parents vient solder cette haine. L’un et l’autre renouent mais sans amour car il n’a jamais existé entre ces deux-là.
Ce n’est pas la première fois qu’Arnaud Desplechin dépeint la profonde répugnance entre une sœur et un frère : dans Rois et Reine en 2004 et Un conte de Noël en 2007. « Très certainement me hante ce motif de la haine sur un plan intime, d’être l’objet d’une colère ou d’une haine. Ce sont des choses qui me font peur. Vous ne pouvez pas avoir un père, une mère, un frère ou une sœur différents, vous avez ceux qui vous ont été donnés », avoue le réalisateur lors d’une interview à France Info.