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Rendez-vous # Saint-Nazaire

Le Théâtre, scène nationale célèbre ses 30 ans

Un anniversaire qui sera fêté les 23, 24, et 25 septembre prochains avec un programme à la fois accessible et déroutant.

En 1992, le Fanal, devenu aujourd’hui le Théâtre Simone-Veil se voyait décerner le label Scène nationale, imaginé par Jack Lang, ministre de la Culture emblématique sous l’ère Mitterrand. « C’est un réseau de théâtres subventionnés par l’Etat et les collectivités locales afin que résonnent toutes les disciplines des grandes créations contemporaines », souligne Béatrice Hénin, directrice du Théâtre. Il y en a 74 dans tout l’Hexagone et en Outre-mer. Trente ans plus tard, le Théâtre continue à œuvrer pour faire émerger les créations, comme celles de l’artiste en danse suspensive Chloé Moglia lors de cette saison.  

Roland Auzet, à gauche. 

 

A l’occasion de cet anniversaire qui sera célébré les 23, 24 et 25 septembre, dans la droite ligne de la mission qui lui a été confiée il y a trois décennies, le Théâtre se devait d’accueillir un spectacle unique, Adieu la mélancolie de Roland Auzet, de la Cie ACT Opus. Une création d’autant plus exceptionnelle qu’elle est résolument engagée sur la mémoire culturelle et politique. Le metteur en scène et compositeur, aux multiples récompenses, Roland Auzet a travaillé étroitement avec le poète chinois Luo Ying. A partir de l’œuvre censurée Le Gène du Garde-Rouge, souvenirs de la Révolution culturelle de celui qui en fut l’un des anciens gardiens, ce nouveau spectacle explore l’impact politique de cette période trouble dans l’inconscient chinois. Les textes du poète y brossent, dans une langue acide et critique, l’aspect mortifère de cette révolution dite prolétaire, bien qu’officiellement terminée, qui pèse encore dans l’imaginaire collectif des jeunes Chinois. « J’écris pour les jeunes générations », ne cesse de rappeler Luo Ying, qui est aussi un alpiniste reconnu. Ce spectacle est donc une forme de droit
d’inventaire. « C’est un projet de réappropriation de soi, et une forme de résistance à un monde sans mémoire », explique Roland Auzet, qui se déplace régulièrement à Pékin et à Taiwan.
 

Luo Ying. 

 

Cette œuvre pourrait faire également résonance en France avec la mémoire troublée et méconnue de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Ce parti pris proposé par le Théâtre confirme donc qu’il est plus qu’un lieu de spectacles, mais aussi un « lieu de pensées », tient à préciser Béatrice Hénin.  

Durant ce week-end, d’autres surprises attendent les spectateurs. Et en premier lieu l’édition d’un livre-revue (Mooc) en partenariat avec la revue 303, qui retrace ses 30 dernières années mais aussi explore la pertinence de la culture comme ferment d’un territoire. C’est un programme alléchant qui attend les spectateurs. On a déjà hâte.