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Spectacles # Saint-Nazaire

BIM : le troc des cultures

La musique du Bénin International Musical trace un pont entre tradition et modernité, rythmes africains et occidentaux. Ce projet fou, né le long de la Loire, a grandi au Bénin et revient aux sources.

L’histoire du Bénin International Musical commence en 2016 avec Hervé Riesen, responsable des programmes de Radio France, et Jérôme Ettinger, musicien et producteur nantais, durant un voyage au Bénin. « Nous voulions replacer les influences africaines au centre des musiques actuelles, comme le rock ou le hip-hop », rappelle ce dernier. Quant à l’idée de mélanger les musiques traditionnelles avec la modernité, elle anime Jérôme Ettinger depuis de nombreuses années. Musicien au sein du groupe Egyptian Project, il mêle sur scène des sonorités trip-hop et électro au folklore égyptien. « Avec le BIM, en tant que directeur artistique, je compose les morceaux, explique-t-il. Mais je ne suis pas sur scène et laisse les artistes les interpréter librement. »

Lors d’un second voyage, les deux Français font un casting à travers le pays, accompagnés par Aristide Agondanou et Denis Akodebakou, deux figures culturelles nationales, pour réunir des jeunes talents béninois. Des artistes reflétant la diversité musicale rejoignent progressivement l’aventure du rappeur Yewhe Yeton aux percussionnistes vaudous Jimmy Belah et Resnikpa, et d’excellentes chanteuses telles que Brigitte Kiti et Nadège Yelouassi, inspirées du gospel, du hip-hop et des chants traditionnels.

Une bombe artistique !

Après une première tournée en France au début 2018, le groupe s’est produit devant 30 000 personnes au Maroc au festival de musique gnawa d’Essaouira en juin dernier et a joué dans plusieurs villes des Etats-Unis cet été. « La tournée américaine a été incroyable, raconte le directeur artistique. On a joué à guichets fermés à New York. Angélique Kidjo est venue danser sur scène ! »

La machine est lancée. Un premier album vient tout juste de sortir, ce 19 octobre. World Tour Records est le label qui a permis de l’enregistrer et de le diffuser, avec le souci de permettre à chaque artiste du BIM de poursuivre son projet solo. Le deuxième est déjà en préparation.

Aux racines du rock

Ce projet ambitieux est rendu possible grâce aux partenariats avec Radio France, TV5 Monde et le magazine Rolling Stone. « Le soutien d’un magazine de rock est essentiel pour nous. On ne veut pas traîner l’étiquette de World music sous prétexte que l’on vient d’Afrique, insiste Jérôme Ettinger. On joue du rock ! »

A travers la musique et son association Togezer Productions, l’objectif de Jérôme Ettinger est de sensibiliser au sens de l’histoire. « Nous voulons intervenir auprès des scolaires pour parler de l’histoire de l’esclavage. La musique du Bénin a infusé les rythmes à Cuba, en Louisiane et le long du Mississippi. Ce sont les berceaux qui ont vu naître la salsa, le jazz, le blues et plus tard le rock et le hip-hop. Par exemple, les rythmes complexes joués au Gon (cloches traditionnelles béninoises, NDLR) sont très proches des claves de la salsa cubaine. Finalement, ce n’est pas étonnant de voir des groupes comme Arcade Fire ou Gorillaz revendiquer leurs influences africaines. »