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Spectacles # Saint-Nazaire

L’inquiétude des artistes du territoire (et d’ailleurs)

Dates de représentations annulées ou repoussées, stages supprimés, ateliers interrompus : l'avenir est incertain pour les petites structures artistiques et les intermittents du spectacle qui les animent.

Stéphanie Zanlorenzi, de la Cie Nina La Gaine.

Déjà six dates perdues, un atelier en partenariat avec le Conservatoire et la Chrysalide qui n’aura pas lieu en juin, une tournée en juin et durant tout le mois de juillet annulée : la Cie nazairienne Nina La Gaine craint le pire. De même pour Arts Symbiose de Pornichet : seize représentations annulées…

« Les conséquences sont difficiles à quantifier pour le moment, les agendas se vident, nous sommes tous dans une incertitude totale, avoue Stéphanie Zanlorenzi, de la Cie Nina La Gaine.

C’est bien cette anxiété qui a poussé les compagnies locales Nina La gaine, Arts Symbiose, Fred Deb’, Debit d’Fagots, Diabolo Menthe, Banc public, Théâtre pour soi, la comédienne Laurence Colin et Enora Monfort, administratrice du bureau de production Tools, à “se réunir” ce mardi 14 avril pour échanger sur leurs difficultés et leurs questionnements.

« Nous mobiliser et porter collectivement une parole est une nécessité absolue. Nous travaillons dans des théâtres, dans la rue, mais aussi dans des médiathèques, des centres sociaux, des établissements scolaires, des Ehpad. Nous sommes un élément important de la vie culturelle et sociale. Nos chiffres d’affaires sont petits au regard des collectivités, mais ils prennent de l’importance si nous les additionnons. Nous sommes en train d’élaborer un communiqué commun sur notre impact en termes sociaux et économiques et sur les répercussions de cette crise, à destination de nos tutelles locales. »

Le conteur Bruno Millischer et le musicien Patrick Haouzi, de Débit d’Fagots.

Au niveau national, certaines mesures ont en effet d’ores et déjà été prises. D’abord, dans le cadre de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, la levée par décret du 23 mars dernier de la “la clause du service fait” ou “service rendu”, qui donne la possibilité de payer des prestations de contrats non honorés. « C’est seulement une autorisation, non une obligation, mais ça nous permet de rentrer dans les négociations. En effet, l’éventuel report des dates en 2021 ne nous épargne pas vraiment car nous sommes des petites compagnies en autoproduction et cela ne règlera pas nos difficultés comptables. »

Atelier Théâtre et Arts plastiques de la Cie Diabolo Menthe.

Ensuite, l’ouverture du chômage partiel aux intermittents pour les dates non faites, sept heures pour un cachet qui correspond pour Pôle Emploi à douze heures en temps normal et, pour les techniciens, cinq heures pour un cachet habituellement de huit heures. Il faut savoir que pour obtenir ou conserver son statut d’intermittent, il faut justifier de 43 cachets dans l’année, soit 507 heures travaillées. Les ministres du Travail et de la Culture ont finalement, sous la pression des syndicats, décidé de geler la période du 15 mars au 11 mai avec un report équivalent pour la période de référence de calcul des droits, et se sont engagés à indemniser les personnes en fin de droit sur une période égale.

Karine Lemay, de la Cie Arts Symbiose, lors de la création du spectacle Grandir.

Au vu de la durée de la crise qui risque de se prolonger dans le temps et d’une saison estivale compromise, une pétition collective nationale a sur ce point été lancée récemment, demandant “le renouvellement automatique des droits des intermittents lors de leur prochaine étude d’ouverture de droits du 1er mars 2020 au 1er mars 2021. Il s‘agit simplement de donner du souffle à tous en permettant ce renouvellement au même taux que lors de la dernière étude”.

« En plus de ces mesures et revendications nationales, nous voulons ici interpeller les mairies et les communautés d’agglomération. Nous savons qu’elles travaillent sur le sujet, mais nous souhaitons nous mettre tous autour d’une table pour une mise à plat et une réflexion commune de tous les partenaires », conclut Stéphanie Zanlorenzi au nom des compagnies mobilisées.

Un communiqué allant dans ce sens est donc en préparation.

Informations du ministère de la Culture du 27 mars 2020

Décret du 14 avril 2020 entrant en vigueur le 17 avril 2020