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Spectacles # Saint-Nazaire

Blick Bassy 1958

Avec “1958”, le chanteur camerounais Blick Bassy rend un hommage poignant à Ruben Um Nyobé, leader indépendantiste assassiné. Un concert subtil et politique.

En intitulant son quatrième album 1958, le chanteur Blick Blassy offre une leçon d’histoire en musique et tout en finesse. Né au Cameroun en 1974, soit quatorze ans après l’indépendance de ce pays d’Afrique de l’Ouest, il célèbre la figure oubliée du père de l’indépendance de sa terre, Ruben Um Nyobé, assassiné par l’armée coloniale en 1958. Surnommé Mpodol, “celui qui porte la parole des siens” en langue bassa, ce dirigeant politique a été effacé de la mémoire collective.

Un concert contre l’oubli

Soixante ans après, Blick Blassy rend un vibrant hommage à son pays en reliant en musique les pages déformées de son livre d’Histoire. L’occasion pour l’artiste de témoigner son admiration à ce héros visionnaire. De sa voix émouvante au grain caressant, il puise pour cela autant dans les traditions africaines que dans une modernité électronique, dans la narration folk et l’âme de la soul, à l’instar de son clip aux images grandioses, Ngwa (“mon ami” en langue bassa) tourné dans les canyons gigantesques du Lesotho. On l’y voit courir au ralenti, en peaux de bête et godillots de cuir, poursuivi par des chevaliers en armures de croisés. Si Blick Bassy nous fait découvrir son pays et une histoire coloniale trouble, sa musique n’en est pas pour autant un appel à la rancœur, mais une incitation à croire en l’homme et à sa capacité à se relever. Il reste un conteur sensible et fait passer un message universel à travers une voix colorée et profonde, le violoncelle de Clément Petit se mêlant aux cuivres et aux guitares. Un mariage entre tradition et modernité pour un spectacle puissant et touchant avec un chanteur suffisamment confiant en son intensité vocale pour débuter et refermer son concert a cappella.

« Ce que nous voulons affirmer une fois de plus, c’est que nous sommes contre les colonialistes et leurs hommes de mains, qu’ils soient Blancs, Noirs ou Jaunes, et que nous sommes les alliés de tous les partisans du Droit des peuples et nations à disposer d’eux-mêmes, sans considération de couleur. » (Ruben Um Nyobé)