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Spectacles # Saint-Nazaire

Banoï + Now

En clôture de la 5e édition du festival Trajectoires, le Théâtre de Saint-Nazaire reçoit Laure Wernly et Sébastien Ly, deux danseurs chorégraphes qui questionnent chacun à leur manière leurs relations à leurs origines vietnamiennes et au monde.

Now de Sébastien Ly

Le festival organisé par le Centre chorégraphique national de Nantes réenchante cette année encore les amoureux de l’art des corps en mouvement dans 21 lieux de la métropole nantaise et à Saint-Nazaire. Au Théâtre Simone-Veil, rendez-vous étaient donnés les 14 et 15 janvier avec Boxe Boxe Brasil, du volontairement inclassable Mourad Merzouki. Ce mardi 25 janvier, ce sera la Cie Yvann Alexandre qui fera chavirer le répertoire classique avec Se méfier des eaux qui dorment, une relecture intime et fantasmagorique du Lac des cygnes. Et enfin, pour clore cette fête de la danse contemporaine, la scène nationale accueillera ce vendredi 28 janvier les spectacles Banoï, de Laure Wernly, et Now, de Sébastien Ly.

Rendre hommage aux anciens…

Avec Banoï – « grand-mère » ou « aïeule » en français –, Laure Wernly, que le public nazairien a pu récemment découvrir au Théâtre dans les spectacles de Nathalie Pernette, se lance dans son premier solo en tant que chorégraphe et interprète. A partir d’enregistrements d’entretiens menés avec son grand-père, des récits de la génération de ses parents et de vieilles photos, l’artiste pénètre l’histoire de sa famille au Vietnam d’avant 1954 et de son exil en France. Renouant avec l’importance du culte des ancêtres de sa culture d’origine, elle convoque en son corps les anciens, elle s’entoure de masques qui réaniment leurs visages. Comment vivaient-ils, comment bougeaient-ils, que reste-t-il d’eux en elle, comment peut-elle aujourd’hui les danser, elle jeune Française métissée ? De mouvements fluides en gestes puissants, elle reconstitue le puzzle de son histoire et de la filiation qui constitue son identité.

Banoï de Laure Wernly

… et respecter le futur

Now, de Sébastien Ly, appartient pour sa part au cycle Habiter le monde qui fait suite à celui des Mémoires vivantes qui ramenait le chorégraphe à ses racines vietnamiennes. Dans une danse frontale, incisive, il incarne ici la brutalité de tout exil forcé. Invoquant les grandes figures de la révolte, tels Martin Luther King et Gandhi, il crie de tout son corps l’urgence de l’action face au dérèglement climatique et aux flux d’exodes d’humains désespérés qu’il engendre. Parce que c’est maintenant, now, qu’il faut agir.

Deux talents, deux sensibilités, une même profondeur émotionnelle et une même appropriation artistique de ce qui leur a été légué et de ce qu’ils souhaitent en faire.