Retour à l'agenda
Spectacles # Trignac

La galette des reines

Mémoires sans fard de femmes hors normes, “La galette des reines” est une parole rare, entre récits bruts et humour noir.

Soraya, Mélissa, Viviane, Juliette… Des femmes qui en ont à raconter sur leur culot, leurs débrouilles, leurs beaux mecs pas toujours fréquentables, leurs galettes de billets et de crack, leurs heures de gloire, le bon vieux temps quoi ! Mais aussi sur les perquisitions, les petites frappes, les maisons d’arrêt, les enfants qui partent.

Soraya se retrouve souvent avec sa vieille copine Mélissa. Autour d’un thé, l’ancienne cambrioleuse et l’ex-prostituée qui a brûlé son argent et sa santé dans la drogue évoquent leurs souvenirs avec autant de franchise que de truculence. De son côté, Viviane se réunit avec d’autres femmes de son monde pour des « gold parties », l’équivalent des plus populaires après-midis Tupperware, sauf que, ici, ce sont ses bijoux en or que l’on vend en mangeant des macarons de chez Ladurée quand les maris s’en sont allés avec une autre femme ou dans la tombe, et que le train de vie a chuté. Quant à la jeune cleptomane Juliette, elle profite de sa proprette allure de secrétaire pour voler, juste pour le plaisir du frisson, tout ce qu’elle peut dans toutes sortes de magasins sous le nez de vigiles occupés à surveiller des clients plus marqués socialement.

La galette des reines

Ces pans de vie pas comme les autres racontés de façon directe, sans regrets ni remords et même avec nostalgie, sont le fruit de la retranscription par Rozenn Fournier et Camille Kerdellant de trois documentaires radiophoniques : La galette des reines, de Géraldine Gacon, pour Arte Radio ; Des femmes en or, de Morgane du Liège, pour France Culture ; Juliette la petite voleuse, de Bahar Makooi, pour France Culture. Devant un micro et une galette à se partager, les deux comédiennes ne tentent pas de jouer, d’être ces femmes pour en faire des personnages. Elles préfèrent interpréter leur langue dont elles ont déchiffré les partitions vocales, comme un morceau de musique auquel elle se doivent d’être fidèles. Rythmes, silences, ralentissements, souffles, énergies, respirations sont ici les passeurs de ces vies à la marge, avides de plaisir, que l’on pourrait aisément qualifier d’immorales ou amorales. Mais qui restent des existences bien réelles faites de dangereux jeux de roulette russe, de refus des conventions et des lois que Rozenn Fournier et Camille Kerdellant restituent en dehors de tout jugement. Avec leurs côtés piquants d’humour et de désinvolture face aux pires adversités. Des témoignages intimes qui s’énoncent peu souvent, et que l’on écoute encore plus rarement.