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Spectacles # Saint-Nazaire

L’universalité, un pont entre Saint-Nazaire et l’Afrique

En clôture des Semaines contre toutes les discriminations, Mamadou Sall présente son nouveau spectacle “Massa-Massa”.

La Cie des 3 thés : Mamadou Sall, Thibault Chatellier, Pamphile Hounsou.

Massa-Massa veut dire Courage courage en langue wolof*, sa langue natale. Le conteur originaire de la Mauritanie du sud, fils d’une conteuse illettrée, n’est plus à présenter dans la région de Saint-Nazaire. Ses histoires portant un certain regard universel sur l’homme traversent les générations et les années. Il était donc naturel que son nouveau spectacle joué avec Thibault Chatellier, ait été choisi pour clôturer les Semaines contre les discriminations et le racisme vendredi 15 avril à la Maison de quartier de La Bouletterie. Il se révèle être une ode à ses deux identités, à la fois africaine et française. Comme il l’explique, elles ne s’opposent pas. « Je suis l’un et l’autre. J’ai une partie de là-bas et je suis d’ici. Je ne peux pas me diviser », affirme-t-il. Lui qui est arrivé il y a 22 ans en France et a passé près de 18 ans à Saint-Nazaire, cette ville, il l’a dans le cœur et dans les tripes.  

« Il y a un lien avec mon village natal qui est au bord du fleuve Sénégal, comme Saint-Nazaire avec la Loire. Ce fleuve débouche sur l’Atlantique, comme ici ».  

A travers ce nouveau spectacle, dont découlera un futur album-livre illustré, il porte aussi un regard lucide et critique sur l’Afrique. Porté par les écrits d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor, il y dénonce le partage de l’Afrique comme « un gâteau » mais sans les africains, entre anciennes puissances coloniales et nouvelles puissances montantes comme la Chine ou la Russie. Il évoque cette Afrique plus méconnue des immigrations intra-africaines, qui posent les mêmes questions identitaires qu’en Europe. De ces groupes différents qui se déchirent dans le sang. « Je l’ai vécu il y a trente ans. Plus jamais ça », avertit-il. Des paroles qui, au regard de l’actualité, font écho avec la guerre en Ukraine. Il dénonce les abus des dirigeants corrompus qui font régner la terreur. « Là je m’adresse aux Africains, c’est un cri de colère ». Mais comme toujours, il ne cesse de parler d’universalité. Ce qu’il observe en Afrique est souvent similaire à ce qui est vécu ici. « Je parle de tous ceux qui sont laissés à la marge, au bord du gouffre, qui tentent de vivre dignement malgré les efforts ». Une fois de plus, Mamadou Sall continue à porter inlassablement la parole de l’altérité et de la bienveillance. Une parole apaisante et nécessaire en ces temps d’incertitudes et de fractures. 

* langue nigéro-congolaise, la plus parlée au Sénégal.