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Associations # Saint-Nazaire

Échange de bons procédés

Les Sourie Ion Anti-Gaspi récupèrent auprès des commerçants les invendus alimentaires qui seraient jetés à la fin du marché à Saint-Nazaire et Pornichet pour les redistribuer à ceux qui en ont besoin.

Ils forment un collectif à géométrie variable, sans engagement, chacun venant comme il peut donner un coup de main. Parmi eux : Stéphanie, Patrick, Muriel, Emmanuelle, Anne-Gaëlle, Rachel, Julie, Anne, Alain, Michel, Shaima, Julien, Fred, David, Philippe, Dominique…

Rencontre avec Stéphanie Hébert et Muriel Aznar, les deux jeunes femmes à l’origine du groupe.

Estuaire. Qui êtes-vous donc les Sourie Ion ?
Muriel Aznar. Nous sommes des citoyens. Nous avons choisi d’appeler notre groupe “Sourie Ion” parce que nous amenons le sourire – avec le choix du présent du subjonctif qui explique le “e” de Sourie – et “Ion” parce que nous sommes des électrons libres. Pour ma part, j’ai toujours fonctionné ainsi : dans le troc et la récup’.

Stéphanie Hébert. En mai 2019, j’ai eu envie de mettre en place un projet de récupération sur les marchés pour nourrir les Gilets jaunes. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux par hasard, lors d’une réunion que j’avais lancée sur le thème des jardins (partagés et citoyens) et de la récupération sur les marchés. Trois jours après, nous étions sur le marché de Saint-Nazaire ! Petit à petit, d’autres volontaires nous ont rejointes.

MA. Nous nous sommes présentées aux commerçants en leur proposant un échange de bons procédés : les accompagner lors du déballage/remballage, les aider à trier, en échange de denrées et en bannissant les transactions financières. Nous avons aussi rencontré les placiers pour bien être en accord avec leur hiérarchie.

SH. Et nous sommes allées parler aux habitués de la récup’ dans les poubelles pour leur expliquer notre démarche.

>> Un bénévole récoltant.

Dans la pratique, comment cela se déroule-t-il ?
MA. Au début, on posait les caisses de fruits et légumes directement sur le sol, puis le chef des placiers, avec l’accord d’un élu, nous a proposé un local afin de respecter les règles d’hygiène et de sécurité. Dans ce local, nous pouvons aussi proposer du café et de la soupe.

SH. On récupère les caisses auprès des commerçants, puis on trie les fruits et légumes dans le local en séparant ce qui peut être redistribué directement sur place ou mis de côté pour les associations, les collectifs… Ce qui est trop abîmé est emporté pour le compost, notamment celui du Jardin du Clos d’Ust.

MA. Les produits abîmés sont retransformés par les volontaires : soupes, bocaux, compote, confitures, fruits déshydratés, pâtes de fruit, sauces… Le dimanche, Patrick, un volontaire très actif, apporte de la soupe, qui est appréciée par tout le monde.

Comment tout cela est-il redistribué ?
SH. C’est partagé entre tous ceux qui rentrent dans le cercle des Sourie Ion. En priorité, il y a ceux que l’on appelle les “mercis”– nom trouvé par ma fille car elle trouvait que c’était plus joli de les appeler comme ça plutôt que SDF.

MA. Ensuite viennent les volontaires et leur entourage, des personnes de toutes les classes sociales, puis des collectifs et associations comme l’épicerie solidaire Totem, le Bonheur des Bennes, le réseau du Carillon, le Retz Emploi, Pain contre la Faim, R’Eveillons la solidarité, des collectifs de lutte et autres…

Avez-vous d’autres projets ?
MA. Nous souhaitons nous développer sur d’autres marchés tels Saint-Brévin, Pontchâteau… Nous voudrions aussi organiser des ateliers citoyens de toutes sortes et trouver un terrain pour créer un mini-village autonome avec une dynamique de récupération et de transformation, toujours en mettant en avant le système d’échanges de bons procédés.
Nous avons rencontré récemment un élu et le responsable des halles et des marchés de Saint-Nazaire, ils soutiennent notre projet et nous ont proposé de continuer nos actions durant les trois années à venir. Nous aurons également la possibilité d’être présents sur le stand dédié aux associations sur le marché, quatre fois par an, afin de sensibiliser les gens à notre démarche. Nous pourrons aussi avoir un barnum lors des futurs travaux de rénovation des halles, avec l’eau, l’électricité et une mise à disposition de matériel. C’est un soutien précieux.