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Associations # Saint-Nazaire

Les paniers artistiques au secours des intermittents

L’association régionale Ouvrir l’horizon est venue à la rencontre des artistes dans le hall du Théâtre de Saint-Nazaire pour leur présenter leur dispositif de paniers artistiques. Explication d’une innovation qui répond à une urgence sociale.

La situation du secteur culturel est catastrophique. L’initiative des paniers artistiques, née pendant le premier confinement, se veut une réponse à l’urgence sociale des intermittents du spectacle. « Si rien n’est fait, on s’attend à voir au moins 50 000 artistes sous le régime de l’intermittence pointer au RSA sur les 200 000 recensés en France. Cela est en train de se passer dans l’indifférence. C’est pour cela que nous voulons mettre le spectacle vivant sur le même plan que le tourisme ou encore l’automobile », alerte Bruno Bonté, coordinateur des paniers artistiques de l’association Ouvrir l’horizon, venu à la rencontre des intermittents au Théâtre Simone-Veil, toujours occupé par le collectif Occupation Saint-Nazaire.

L’association régionale renouvelle donc pour la deuxième année son opération des paniers artistiques dans l’objectif de redonner du travail aux artistes, toutes disciplines confondues, en s’inspirant du concept des Amap. En effet, ni les financeurs, ni les lieux accueillants, ni le public ne connaissent le contenu précis des paniers : ils auront la surprise de la découverte puisque, en s’engageant, ils acceptent de ne pas choisir le contenu et les artistes intervenants.

Chaque panier est composé d’une équipe de 3 à 4 artistes qui se regroupent autour d’un projet nouveau, qui doit être éphémère et léger techniquement : trente minutes maximum dans un lieu pouvant accueillir 20 à 150 personnes. Le spectacle doit être gratuit. « Ce dispositif ne s’adressant pas aux compagnies, il ne peut s’agir de créations existantes », tient à préciser Bruno Bonté.

« Ici, on ne parle pas d’achat, mais d’un financement solidaire. Nous avons eu des lieux comme des petits villages qui ne pouvaient pas mettre plus de 500 ou 1 000 euros, nous avons trouvé les moyens pour compléter. »

L’équipe d’artistes est quant à elle rémunérée pour 5 représentations et 5 jours de répétition avec un forfait supérieur à la moyenne. La nouveauté cette année est d’associer dans l’équipe un artiste non intermittent, comme un auteur, un illustrateur ou un plasticien.

Parmi les objectifs que certains financeurs exigent : aller dans les endroits où il y a peu ou pas de spectacles. « On ne s’adresse pas à ces 4, 5 ou 6 % de la population qui va habituellement aux spectacles, toujours les mêmes », tient à préciser le coordinateur régional, qui donne un exemple : « Nous avons eu des témoignages de spectateurs d’ordinaire peu réceptifs à la danse et qui ont été très agréablement surpris. »

Appel aux lieux d’accueil

En 2020, l’opération s’était révélée un succès : avec plus de 1,2 million d’euros de budget, 350 artistes de la région ont pu bénéficier de ce dispositif, soit 57 paniers vendus. Cette réussite a même suscité l’intérêt des régions voisines. « D’autres régions s’appuient aujourd’hui sur cette initiative, se réjouit Bruno Bonté. La Région Centre-Val-de-Loire a bénéficié de près de 500 000 euros de subventions. » En 2020, la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) avait subventionné à hauteur de 200 000 euros, la Région de 100 000 euros et les cinq départements avaient versé quelques dizaines de milliers d’euros. « Avec 150 000 euros l’année dernière, la Ville de Nantes avait permis d’amorcer le projet et les communes de la Métropole avaient suivi le mouvement », précise Bruno Bonté. Un appel du pied à tous les départements et collectivités pour soutenir l’opération.

« Cela coûtera beaucoup plus cher aux départements de s’occuper de tous ces gens au RSA », pointe-t-il.

Reste que deux inscrits sur trois* au dispositif lors de la première édition n’ont pas pu en bénéficier. « Priorité leur sera donnée cette année », avertit l’association. Les artistes avaient jusqu’au 1er mai pour s’inscrire. Un “artiste dating” est prévu dans le département le 10 mai afin que les équipes puissent se constituer et commencent à réfléchir à leur proposition artistique. L’association continue quant à elle de frapper aux portes pour convaincre les lieux accueillants d’acheter leurs paniers**.

* Des artistes nazairiens comme Gaëlle Lautru ou la chorégraphe aérienne Fred Deb’ ont bénéficié du dispositif l’année dernière. Ils se sont d’ailleurs proposés pour aider les intermittents à s’inscrire au dispositif.

** Les paniers artistiques se dérouleront du 15 juin à fin octobre.