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Associations # Saint-Nazaire

Carnet de voyage au pays de la valise à sons

L’association A Vos Soins auto-édite ce beau livre illustré qui raconte l’histoire de nos anciens, entre souvenirs au pluriel et solitude singulière.

C’est la conclusion d’un projet de trois ans mené par l’association A Vos Soins. De l’expérimentation de la valise à sons est sorti un carnet de voyage, qui regroupe les récits des aînés et de leurs aidants rencontrés à leur domicile ou encore à l’ehpad. « L’idée de la valise à sons est venue lorsqu’on était encore hébergé aux Abeilles. On avait une belle vue sur les bateaux qui sortaient et entraient de l’écluse. On voulait mêler la problématique du vieillissement et du voyage. Avec des questions telles que le dépistage de la maladie d’Alzheimer par exemple », raconte Nicolas Blouin, directeur d’A vos soins. Ce voyage se passerait par des immersions sonores : des sons binauraux, c’est-à-dire à 360 degrés. « Des ingénieurs sons ont enregistré des sons du quotidien : les cris d’un enfant, l’aboiement d’un chien, le bruit des vagues, des chants d’oiseaux… On est plongé au milieu de ce qui se passe », explique-t-il. L’objectif étant de stimuler et rappeler des souvenirs. Entretenir une mémoire qui, avec l’âge, se fait de plus en plus défaillante.

Des récits poignants

Nathalie Palayret, bibliothérapeute, a été missionnée par l’association pour recueillir les émotions que réveillait cette valise chez les utilisateurs. Elle a récolté plus d’une soixantaine d’histoires en tout. Pour ce premier carnet de voyage, une dizaine de témoignages a été sélectionnée et anonymisée. Au fil des pages, le lecteur entre ainsi dans des récits familiaux, des souvenirs mais aussi des tranches de vie quotidienne. On y lit avec simplicité le drame du vieillissement qui se passe souvent dans l’isolement. Ainsi, l’interrogation poignante de cette vieille dame qui souffre de solitude et demande combien de temps elle a droit de profiter de la valise à sons. « Pour le ménage, j’ai droit à une heure et demie par semaine plus une demi-heure de repassage. Et puis j’ai droit à trois toilettes par semaine. Et là, j’ai droit à combien de temps ? ». Ou encore la peur du confinement dans un ehpad : « A quoi ça sert qu’on nous mette comme ça, nous les vieux ? Faudrait pas que ça recommence. Je m’en fous de mourir mais je ne veux plus être enfermée », s’insurge une résidente. Ce carnet de voyage raconte aussi l’histoire de ces aidants épuisés et qui tentent de faire pour le mieux. Comme Monsieur Villard qui s’excuse de parler à la place de sa femme, malade. Ce carnet, c’est aussi des histoires d’une époque révolue, comme un Noël vécu durant la guerre, ou les réminiscences joyeuses d’un bal du dimanche après-midi. Au final, par ce carnet, la valise à sons s’est révélée être bien plus qu’un détecteur ou un outil de lutte contre les effets du vieillissement. Elle a construit un lien avec le monde extérieur, pour que, à notre tour, nous n’oublions pas nos « vieux ».