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Associations # Pornichet

Etoile de France, un chantier à suivre

Julien Mabit/Etoile de France. Deux noms à retenir. Ce « fada amoureux des beaux bateaux », comme il aime à se définir, a créé l’association Etoile de France afin de restaurer cette belle goélette au nom éponyme. Montez à bord…

Dire que la passion de la voile s’est emparée de Julien Mabit dès son plus jeune âge est un euphémisme. A quatre ans, il embarque avec son père en croisière avant de faire ses gammes en Optimist, catamaran puis en solo sur le petit croiseur familial. Piqué par le virus de la mer, il ne cessera de multiplier les expériences de montage de projets, avec Loïc Peyron, puis de commercialisation de la flotte de Bob Escoffier, à Saint-Malo, au sein d’Etoile marine croisière : thonier, goélette à huniers, ketch aurique, maxi catamaran… Le navigateur amateur se perfectionne et passe rapidement professionnel avant de s’engager sur la Route du Rhum “Destination Guadeloupe 2010” à bord d’un monocoque 50 open. Sa passion et son professionnalisme le hissent à une belle troisième place du podium. Pas mal pour une première participation ! La Jacques Vabre 2011 et la Route du Rhum 2014 en trimaran vont se révéler plus compliqués ; le bateau est contraint à l’abandon lors de ces deux courses. Désormais, le grand gaillard blond à l’allure adolescente ne quittera plus la mer. Tant pour ses activités professionnelles (il gère le célèbre club de voile “Le Yagga” situé sur la plage à la limite de La Baule) que pour sa vie personnelle (il a posé ses valises à Pornichet). 

Restaurer des vieux gréements 

///// L’Etoile de mer en chiffres /////
Longueur : 40 m hors tout
Largeur : 6,90 m
Poids : 200 tonnes à vide
Surface de voile : 480 m²
Tirant d’eau : 2,80m
Hauteur des mâts : 35 m
Capacités d’accueil
En mer : 60 personnes
En croisières : 30 personnes
A quai : 140 personnes 

 

En janvier 2021, voyant l’Etoile de France (une vieille goélette à huniers de 1938 d’origine danoise) laissée à l’abandon, une évidence s’impose : il faut la restaurer. Julien y a vécu en 2007 lorsque l’ancien trois-mâts appartenait à Bob Escoffier qui en avait fait un voilier-charter et de réception. La “vieille dame” a vécu mille vies. Cargo transportant du sel et de la morue entre Portugal et Islande, navire-école, habitation sur la Tamise, tournages de cinéma… Elle a fini accidentée en 2016 suite à une avarie du moteur, occasionnant de nombreux autres dégâts. Depuis, elle est restée à l’arrêt à Saint-Malo. 

« Pour moi, le projet est devenu réalité lorsque nous avons pu racheter ce bateau, explique Julien Mabit. Avec quelques amis aussi “fous” que moi, notamment Mathieu Sarrot, nous avons créé l’association d’intérêt général Etoile de France & Co afin de lui redonner vie. Mais aussi pour développer des activités visant à restaurer des bateaux à gréements anciens et des bateaux de course ayant un intérêt historique et patrimonial fort, comme celui-ci. » 

Une plateforme des savoir-faire autour des métiers de la mer 

Julien Mabit à bord de l’Etoile de France. 

 

Aussitôt dit, aussitôt fait. En août 2021, Julien et son équipage partent chercher “la belle” à Saint-Malo. Le convoyage du voilier, pesant 200 tonnes à vide, s’est réalisé finalement sans trop de soucis. « Nous étions en mode “warrior” et avions peur de l’avarie », se souvient-il. Depuis le 16 août dernier, la superbe goélette trône en lieu et place de son nouveau port d’attache, à quelques encablures de la base sous-marine de Saint-Nazaire. L’objectif : la remettre à neuf. Une restauration ambitieuse qui devrait prendre plusieurs années pour changer le pont, le pavois bâbord et des bordés. Toute l’étrave du navire est cassée. 

« On veut vraiment sauver le bateau, assure Julien Mabit. On y va à petits pas. C’est un projet très lourd. Nous aimerions naviguer en association, accueillir du public, réaliser une scénographie autour de cette aventure, faire découvrir ce type de bateaux aux gens d’ici, d’autant qu’il portera les couleurs locales et pourrait aussi ponctuellement devenir une sorte d’étendard et de vitrine itinérante. Mais nous devons d’abord le restaurer.  » 

Le savoir-faire local a été sollicité… Ses ingénieurs spécialisés dans la charpente maritime, la voilerie au gréement traditionnel ou la forge. Tous les métiers de la construction navale des plus ancestraux aux plus contemporains sont sur le pont. Le budget global reste important, estimé autour d’un million d’euros selon Julien Mabit, qui espère le boucler par « deux tiers de financement privé et un tiers de financement public des communes du coin et de la Carene ».  Julien a plein d’idées et de projets en tête pour faire revivre la goélette, dans le cadre des enseignements maritimes ou pour des activités de représentation et de loisirs. Etoile de France est en passe de devenir une plateforme des savoir-faire, et se rapproche notamment de la Fondation de la mer. Ondes bleues la radio* et Sterne production ont décidé d’accompagner ce projet en organisant notamment des concerts de soutien et ce, dès cet été. Mise à l’eau espérée en 2024 pour les fêtes maritimes de Brest. Une nouvelle vie d’aventures pour la vieille dame et ses amis. 

* Lire également “Et vogue la radio !”.