Retour à l'agenda
Livres # Saint-Nazaire

La pointe du compas

Les élèves de 4e 1 du collège Pierre-Norange ont écrit un livre qui raconte le mal être d'un jeune anglais installé en France avec sa famille.

Illustrer la santé mentale pour un article ou la Une d’un média n’est pas chose aisée. C’est un exercice qui demande de jouer les équilibristes : ne pas tomber dans la caricature du désespoir en maniant la peur et ne pas édulcorer le mal-être par tabou. Tel a été l’enjeu de cette Une réalisée avec les élèves de 4e 1 du collège Pierre-Norange. Accompagnés de leur professeur de français, ils sont venus rencontrer l’équipe d’Estuaire pour découvrir les coulisses de la réalisation d’un journal et créer ensemble la Une de l’hebdomadaire. Estuaire a donc choisi de mettre en avant leur initiative. Elle met en lumière que la santé mentale est tout aussi importante que la santé physique. D’autant plus en cette période trouble et anxiogène. A peine sortis d’une crise sanitaire dont les conséquences mentales ne sont pas encore vraiment mesurées, nous voilà plongés dans une autre avec sont lot d’angoisse et d’inquiétudes : celle de la guerre d’un pays voisin. La rédaction remercie chaleureusement l’association Revivre, porteuse du projet, qui nous a proposé d’animer cet atelier média, les élèves de 4e 1 qui ont collaboré à cette édition et leur professeur de français M.Viaud.  Guillaume Bernardeau 

 

Shells est un jeune anglais de 14 ans. Pour suivre ses parents qui ont trouvé du travail en France, il doit tout quitter : son pays, ses amis … et Laura. Dans son nouveau collège, il se sent seul, terriblement seul. La mélancolie devient pesante. Trop. Il se mutile. Ses parents désemparés, le renvoient en Angleterre, le temps des vacances scolaires. Mais rien n’y fait. Shells tombe dans une forme de dépression. Et c’est auprès d’une jeune fille de son école qu’enfin l’espoir renaît. 

Reconnaître le malaise 

Cette fiction est l’histoire racontée dans un livre La pointe du compas* par les 4e 1 du collège Pierre-Norange. Elle fait état du malaise et du mal être des jeunes. Souvent imperceptible aux yeux des adultes, qui n’y voit que les fluctuations banales de l’humeur propre à cet âge. Imperceptible également car l’adolescent face à la nécessité d’affirmer son indépendance a des difficultés à reconnaître sa vulnérabilité, à s’en remettre à autrui et à s’exprimer. Si écrire, c’est révéler une partie de soi, il est donc difficile pour ces élèves de le reconnaître au premier abord. Mais derrière cette pudeur, leur personnage Shells est bel et bien un concentré de ce qu’ils ressentent. Et c’est après bien des questions qu’enfin, certains osent évoquer à demi-mot leur propre malaise, que ce soit au sein de leur famille ou au collège. 

Ce livre est le fruit d’une initiative de l’association Revivre qui lutte pour la prévention de la santé mentale et la Cité Educative Saint-Nazaire Ville Ouest. « A travers ces ateliers d’écriture animés par Nathalie Palayret, biblio-thérapeuthe, l’objectif est de déstigmatiser la santé mentale, de favoriser des compétences psychosociales et surtout d’aider au renforcement de l’estime de soi », souligne Françoise Lacroix, présidente de l’Association Revivre. 

*Un livre écrit par Chelby, Enzo, Evan, Herjo, Jaïro, Keytsia, Kyliann, Lise, Loïk, Mandy, Mariana, Nabil, Nour, Wendy, Yacid et Zaki. Accompagnés par leur professeur de français M. Viaud. 

///// le mal-être en chiffres ///// 

Selon les études publiées ces dernières années, on estime que 8 % des adolescents vivent un épisode dépressif avéré, l’incidence étant deux fois plus élevée pour les filles. L’incidence d’une tentative de suicide (TS) est évaluée dans la population générale adolescente à respectivement 3,7 % et 6,8 % pour les garçons et les filles, ces chiffres passant à 27 % et 36 % pour respectivement, les garçons et les filles présentant un état dépressif avéré.