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Portraits # Saint-Nazaire

Patrice Quélard, son héros de gendarme

Dans le monde du polar, il faut désormais compter avec Patrice Quélard. Un Nazairien, auteur du très remarqué polar historique, “Place aux immortels”, prix du roman de la Gendarmerie Nationale en 2021, qui sort en poche le 3 mars prochain, en même temps qu'une suite “Les Incorrigibles”. Rencontre.

Estuaire. Vous écrivez depuis longtemps ?
Patrice Quélard. « Depuis toujours ou presque. J’ai actuellement quatre romans dans mes tiroirs, des œuvres pour les adultes mais aussi pour les enfants. En tant que directeur d’école élémentaire (l’école Jean-Jaurès, à Saint-Nazaire, ndlr), je connais bien le monde de l’enfance.

Votre roman, Place aux immortels, situe son action durant la première guerre mondiale, dans une prévôté. Pourquoi un tel sujet ?
J’ai toujours été passionné par cette période de l’histoire. De plus, l’école est située près d’une caserne. Je salue le courage quotidien des gendarmes qui ont  le service public chevillé au corps. Je me sens proche d’eux. J’avais déjà écrit un synopsis sur le sujet, mais c’était resté en l’état dans un tiroir. Au moment du concours lancé en  février 2021 par les éditions Plon, en partenariat avec la gendarmerie nationale, je l’ai ressorti et j’ai écrit mon roman durant le premier confinement.

Vous avez pu profiter de votre temps libre pour mener à bien ce projet ambitieux ?
Oui et non. Le manuscrit était à rendre le 30 avril 2021. Deux mois et demi, c’est court pour accoucher d’un roman ! D’autant plus que mon école, contrairement à d’autres établissements scolaires est restée ouverte durant le confinement. Elle était classée “école d’accueil” par l’Education Nationale. Ainsi, tous les jours, nous ouvrions nos portes aux enfants du personnel prioritaire (soignants, pompiers…). J’ai écrit mon roman la nuit, exactement en quarante nuits chrono !

Comment votre famille a réagi à ce rythme de travail ?
Pas trop mal. Le soir où j’ai décidé de relever ce défi, j’ai envoyé un mail à ma femme partie se coucher avant moi. Je lui ai écrit : « A dans deux mois, j’espère que tu vas me pardonner. » Ce à quoi elle m’a répondu : « d’accord, mais fais-le pour gagner ! » J’ai donc tout donné. Je suis quelqu’un d’organisé. Je travaille avec un plan précis tant sur la forme que sur le contenu. J’y inclus de nombreux dialogues. Je passe aussi beaucoup de temps sur la documentation. Jamais je n’écris sans savoir où je vais. Enfin, je suis un obsédé du réalisme, de l’authenticité, je peux passer des heures et des heures à vérifier une information.  Une fois que tout ce travail en amont est accompli, mon livre est quasi écrit.

Léon Cognard endosse à nouveau l’uniforme ! Le héros de Patrice Quélard – aujourd’hui distingué par ses pairs – enquête à Saint-Nazaire et au-delà.

Parlez-nous de votre personnage, Léon Cognard, un lieutenant de gendarmerie fort en gueule, anticonformiste, opiniâtre et terriblement attachant… C’est un peu vous ?
Pas vraiment mais vous savez les écrivains puisent toujours dans leur entourage plus ou moins proche pour créer leurs personnages. Pour résumer : au printemps 1915, le gendarme Léon Cognard prend le commandement d’une prévôté de division d’infanterie. Justicier dans l’âme, cet humaniste, idéaliste va enquêter sur un suicide, tout en combattant la bêtise bureaucratique de l’armée. Doué d’une puissance de déduction hors du commun, son goût pour la science est unique… Mais son sens de la justice dérange. C’est un personnage ambivalent, il est arrogant mais en même temps il doute et pose la vraie question du roman : qu’est-ce qui est le plus important, la vérité ou la victoire ? 

Il paraît qu’on retrouvera Léon dans un deuxième opus…
Oui, dès le 3 mars prochain, en même temps que le poche du premier. Les aventures de mon gendarme ayant fait l’unanimité auprès du jury mais aussi des lecteurs, on m’a très vite demandé si je pouvais écrire la suite. Vendu ! Je m’y suis attelé l’été dernier et en 72 jours, Léon a repris du service, lui qui avait donné sa démission à la fin du premier roman pour aller admirer des aras bleus en liberté ! Là, nous sommes en 1919, il débarque à Saint-Nazaire avant d’accomplir son rêve : partir en Amérique du sud ! Mais un ami gendarme lui demande un coup de main…

On ne vous en dit pas plus, juste que Léon aura du pain sur la planche et le lecteur en saura plus sur l’histoire méconnue des stocks américains de Saint-Nazaire, mais aussi de l’enfer du bagne de Cayenne. Vite, tous en librairie !

///// à lire /////

Place aux immortels, Pocket, 7,95 €
Les incorrigibles, Plon, 19 €

3 bonnes raisons de lire les deux romans de Patrice Quélard :
Pour le sujet. Le rôle de la gendarmerie lors de cette première guerre mondiale aux côtés des troupes au front.
Pour le style. Une écriture fluide et une documentation très fouillée, émaillées d’humour.
Pour le héros. Un peu autiste, très idéaliste, Léon Cognard nous touche et nous amuse.