Soulever la chape du silence
Jusqu’au 25 mars se tiennent les Semaines d’information sur la santé mentale. Le point sur Saint-Nazaire.
Partout en France sont actuellement organisées de multiples manifestations autour, pour cette édition 2018, de la parentalité et de l’enfance. Le collectif local ESAO (Entente SISMs Atlantique Ouest), qui regroupe des associations de soignés/soignants (La Couronnée), des associations de proches de personnes malades (l’Unafam), d’anciens malades, des professionnels et des institutionnels, s’est joint à l’action nationale par la construction d’un temps phare où faire circuler les informations et les paroles. D’Ancenis à Savenay en passant par La Baule ou Rezé, sont grâce à lui proposés portes ouvertes, expositions, spectacles, rencontres, témoignages, conférences, ciné-débats… « Le collectif ne cesse de s’étendre et de se consolider en termes de mutualisation, cela nous rend plus efficaces, explique Françoise Lacroix, secrétaire du groupe d’entraide de personnes dépressives Revivre. Nous avons ressenti une très bonne écoute lors de l’édition de l’année dernière, avec de réelles répercussions. » « Nous devons agir contre l’ignorance car c’est elle qui engendre la peur. Nous nous mobilisons donc pour informer, donner des outils d’orientation et accompagner. Dédramatiser aussi », surenchérit une bénévole de l’Unafam.
Pour cela, le collectif travaille selon plusieurs axes : la prévention, le rapprochement des structures médicales et des associations, la modification de la relation soignant/soigné, la “dédiabolisation” de la maladie mentale.
« Pour que l’information passe, il faut pouvoir dépasser le déni, la honte, la culpabilité, surtout quand il s’agit de l’enfance. Devant la douleur des familles, nous devons être capables de proposer de l’aide, une coopération », continue Françoise Lacroix.
Dépister le plus tôt possible les dysfonctionnements et les troubles psychiques, ouvrir des possibles pour aller mieux ou éviter d’aller plus mal, débroussailler les parcours de soins se doit d’être un accompagnement qui tient compte de la globalité de la personne atteinte et de son entourage. Dans une société “dangereuse” où s’intensifient le chômage et les syndromes d’épuisement professionnel, où les structures familiales et de communication sont fortement bouleversées, les pathologies – ou tout du moins leur expression – se transforment également, et les parents s’en trouvent d’autant plus désorientés et démunis. Fort heureusement se sont développés sur la ville des lieux tels que la Maison des adolescents ou des espaces comme les rencontres de nouveaux parents à la ludothèque de Méan-Penhoët ou les cafés de parents des Maisons de quartier, la prévention s’intégrant plus aisément par l’échange d’expériences.
« Parler, encore et toujours. Comme pendant ces Semaines, qui permettent aux malades de s’exprimer, il est difficile de parler de soi-même, de trouver les mots sans donner l’impression de se plaindre, il est si important d’ouvrir le regard des autres, d’apprendre à se découvrir, à se tolérer, si nous voulons tous aller plus loin », décrit un bénévole soigné de La Couronnée.
* Partenaires sur Saint-Nazaire : les associations La Couronnée, Unafam, Air, Revivre, le Centre hospitalier.
Cette semaine
• Deux expositions (voir pages Associations)
• Ciné-débat au cinéma Tati mercredi 21 mars, à 20h30 : Les voix de ma sœur, le portrait-témoignage d’Irène, qui souffre de schizophrénie depuis vingt ans, soignée à Sainte-Anne, à Paris. En présence de la réalisatrice Cécile Philippin, et d’Alban Ricoux et Christine Rochefort, respectivement psychiatre et psychologue au Centre hospitalier de Saint-Nazaire.
• En première partie sera projeté un court-métrage retraçant l’histoire de l’ESAO, réalisé par des étudiants de l’IUT de Saint-Nazaire.