Ils secouent la culture
Les Agitateurs de culture contribuent à l’animation de la vie culturelle pornichétine et, surtout, l’ouvrent à tous.
>> Les bénévoles des Agitateurs de culture, toujours motivés.
Depuis quinze ans à Pornichet, là où les Agitateurs de culture passent, c’est la langue des signes française (LSF) qui se dévoile. Lors de la traditionnelle fête bretonne Pornizhan ar fest, par exemple, ils ont installé sur leur stand quelques affiches en LSF pour apprendre au public à passer commande dans cette langue. « Des bénévoles sourds et entendants tiennent notre stand, et le public peut donc essayer de communiquer avec elles », explique Julie Haubois, secrétaire de l’association. Un moyen aussi d’inverser les rôles et de mettre un court instant les entendants à la place des non-entendants… « Il y a encore du chemin à faire dans le domaine de la culture pour intégrer les personnes non entendantes. Ce sont des petites choses auxquelles on ne pense pas forcément. Par exemple, dans une salle de spectacle, quand on veut faire évacuer la salle, on fait retentir une alarme… »
Le chemin est déjà emprunté par certaines structures, comme Quai des arts, par certains artistes et organisateurs qui retranscrivent les concerts en LSF, à l’instar du festival Les Escales. « Le domaine de la culture n’est pas le seul où des efforts restent à faire pour briser cette barrière qui existe encore : dans les services publics, dans le médical… » Une démarche d’autant plus importante que tous les malentendants ne sont pas appareillés et ne veulent pas forcément l’être « car il y a aussi l’idée de défense de cette langue qui a sa propre culture, sa propre histoire, sa propre grammaire ».
Ainsi, l’association pornichétine, dont la création a été impulsée par Gérard Boucard, directeur artistique de Quai des arts, qui souhaitait inclure tous les publics à ses spectacles, sensibilise à cette culture en proposant depuis dix ans des cours de LSF dispensés par Valérie Malzard, elle-même sourde, et des ateliers “bébé signe”. « Cette année, nous avons dû ouvrir un deuxième cours de débutants et même refuser du monde ! Nous allons réfléchir à l’organisation de stages pendant les vacances scolaires. Je pense que nos ateliers bébé-signe amènent les parents à vouloir en savoir plus. » Les 80 adhérents (dont les personnes inscrites aux cours) des Agitateurs de culture sont également sollicités par les écoles, crèches et collèges – comme cette année, où « nous allons intervenir dans une classe de 6e autour du chant signé » – et participent toujours à la vie culturelle pornichétine avec les Renc’arts et leur propre festival dont la prochaine édition aura lieu en avril 2020, “A 2 mains bien entendu !”, dans lequel sourds et entendants partagent les mêmes émotions. Au quotidien, les Agitateurs n’ont qu’un objectif, rendre la culture accessible à tous… et accueillent à bras ouverts de nouveaux bénévoles ! •