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Associations # Pornichet # Saint-Nazaire

« Il y a un attachement extrême réciproque »

Le cabinet vétérinaire Ker véto, situé à Pornichet, travaille en étroite collaboration avec le réseau Carillon pour soigner les animaux des sans-abris.
Interview du docteur vétérinaire Agnès Wigdorowicz.

Agnès Wigdorowicz et son assistante Sandra.

Estuaire : Comment êtes-vous devenu le cabinet vétérinaire des animaux des sans-abris ?
Agnès Wigdorowicz : Tout a commencé en 2012. Il y avait un sans domicile fixe avec son chien qui, depuis plusieurs jours, tournait autour du cabinet. Il n’osait pas entrer. Il espérait que l’on soigne son chien. Au fil du temps, les SDF venaient chez nous. Ils savaient qu’on prenait en charge les animaux. Ils se transmettaient l’adresse de notre cabinet par bouche à oreille. Venir en aide, cela fait partie de notre sensibilité personnelle. On en a discuté en équipe, car tout le monde n’a pas la même sensibilité. Et on voulait que ce soit un engagement pour tout le monde au cabinet, de l’accueil à la chirurgie. 

Aujourd’hui vous travaillez avec le réseau Carillon. Pourquoi est-il si important de prendre soin des animaux des sans-abris ?
Le Carillon oriente et amène les propriétaires et leurs animaux vers notre cabinet*. Nous jouons un rôle de soin évidemment. Soigner c’est notre métier, on connaît les animaux. Mais on a aussi un rôle de prévention, comme la lutte contre la prolifération des parasites et la stérilisation. La gestion d’une portée peut en effet se révéler difficile. Et des propriétaires peuvent être débordés. Un animal en bonne santé, ça rassure tout le monde, et en premier lieu son propriétaire. 

Quelle est la particularité des animaux des sans-abris ?
Ce sont des animaux qui sont confrontés aux dangers de la vie dans la rue : accidents, blessures et pathologies parasitaires. On observe également de la malnutrition. Un animal est comme un humain, il a besoin d’une nutrition équilibrée. Et la nourriture coûte cher, très cher, tout comme les soins pour animaux. D’ailleurs ce sont des animaux qui ont une relation fusionnelle avec leurs propriétaires. Ce sont des individus très proches étant donné ce qu’ils vivent. 

Vous avez dit individus… pour évoquer les animaux ?
Oui car pour les SDF, ce sont des compagnons de vie. Pour certains, c’est la seule famille qu’ils ont. Et ce qui peut paraître étonnant, il y a un attachement extrême réciproque. Les propriétaires vont faire passer leur chien avant eux. Ils ont un rôle de protection, d’orientation. C’est très compliqué, autant pour l’animal que pour l’homme de se séparer l’un de l’autre. Et lorsqu’il y a le décès des animaux, on constate une vraie blessure pour le propriétaire et cela représente un deuil terrible.  

* Entre une et deux interventions par mois pour le cabinet vétérinaire.