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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] La famille Asada

(Japon 2023) comédie de Ryôta Nakano avec Kazunari Ninomiya, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki.
2h07.

Note de la rédaction :

La famille Asada fait partie de ces films à développer avec une sensibilité toute mesurée ! Une surexposition de commentaires viendrait de facto gâcher toute la spontanéité de cette œuvre lumineuse rythmée par une série génialissime de contrepieds espiègles et d’inattendus aussi loufoques que tragiques… Trop en dire conduirait inéluctablement à la spoiler ! Mieux vaut, dans ce cas, rester à la surface. Et ne rien révéler de tous ces croustillants détails qui ruissellent de cette touchante histoire humaine, dont on vous laisse le soin de découvrir par vous-mêmes, en feuilletant l’album photos de cette famille vraiment « pas banale » !  

Une famille de joyeux originaux que l’on suit à travers l’objectif du petit dernier qui rêve de devenir photographe. Sous cet angle désarmant dont seul le cinéma asiatique a le secret. Bien évidemment, de cette fable photopoétique pleine de pudeur, on n’en ressort pas indemne. Désarçonnés face à cette bulle émotionnelle qui nous tombe dessus sans préavis. Les rires s’entremêlant aux larmes, comme happés, submergés par cette bienveillante proposition, véritable bouffée d’oxygène que nous offre Ryôta Nakano.  

Le réalisateur japonais s’est inspiré de l’histoire vraie du photographe Masashi Asada qui, après moult années d’introspections, a fini par en sortir en mettant en scène les fantasmes et rêves d’enfant de ses parents et de son frère. Une série de clichés délirants (ma préférée, les héros fatigués et… chut !) qui va finir par payer… ou non ! En attendant, le chemin est long et trébuchant pour l’artiste qui doit faire son trou dans ce milieu difficile d’accès. Il sait qu’il peut compter sur sa famille, jamais bien loin. Elle a son rôle à jouer, le principal d’ailleurs ! Attachante, drôle, imparfaite, marginale, atypique, à mille lieues des normes familiales en vigueur au Japon !  

Une famille à l’image de l’humanité, prise sur le vif, sans filtre, captée dans toute son authenticité, dans ses petits bonheurs du quotidien, ses coups de gueule, ses instants de complicité, ses retrouvailles, ses peines et… grandes douleurs. Une autre facette du film où le photographe posera son appareil, choisira d’aider son prochain plutôt que de documenter
froidement la tragédie qui se trame sous ses yeux. Masashi, avec d’autres bénévoles, se donnera pour cheval de bataille de restaurer et restituer des milliers de photographies épargnées par le tsunami de 2011. Car l’image, qui immortalise les souvenirs et les êtres évaporés, est sacrée. Surtout pour les survivants, plus que reconnaissants. Une vague de solidarité qui fait du bien. Sans excès de pathos ni clichés !