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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Retour à Séoul

(Corée du Sud 2022) drame de Davy Chou avec Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Guka Han.
1h59.

Note de la rédaction :

Qui est-on ? D’où l’on vient ?  Retour à Séoul n’est pas proprement un récit initiatique, il s’agit plutôt d’une quête sans fin de son identité. Pour son troisième film, Davy Chou s’est inspiré de l’histoire d’une amie, Laure Badufle née en Corée et adoptée en France à l’âge d’un an et qui est retournée dans son pays de naissance à l’âge de 23 ans. Freddie (Park Ji-Min), 25 ans, revient en Corée du Sud où elle est née mais où ses parents l’ont confiée, encore bébé, à l’adoption internationale. 

De son atterrissage fortuit au pays, le réalisateur nous amène à suivre pendant huit ans le parcours chaotique de cette jeune femme, qui malgré elle, se confronte à ses origines. A son arrivée, elle est cette voyageuse occidentale comme on en croise tant. Jeune et libre, animée par une fougue insouciante. Très rapidement, elle découvre le centre Hammond, qui centralise toutes les adoptions internationales. Débute alors une quête, avec pour point de départ une photo : elle étant bébé, avec une femme dont elle pense qu’elle est sa mère et des chiffres écrites au dos de l’image. Et une interrogation qui la hante : cette mère qui l’a abandonnée pense-t-elle à elle lors de son anniversaire ?  

Tout se précipite lorsque le centre lui permet de renouer avec son père biologique. Freddie semble dure, distante et silencieuse avec ce père dont elle ne comprend ni la langue ni les raisons de son abandon. Derrière un visage impassible, se lit un regard plein de colère contenue. S’en suit alors des retours successifs à Séoul. Sa fougue juvénile s’est transformée en fougue désespérée, mélancolique, traversant le milieu underground de Séoul, s’adonnant à toutes les transgressions. Elle tient éloignée ce père qui la harcèle de message, et qui boit aussi par amertume, regret et aussi désespoir d’avoir commis une faute .  

Jusqu’au jour où, bien des années après, sa mère accepte enfin de la revoir. De ces émotions contraires réprimées durant huit années, coulent enfin les pleurs. Est-ce enfin la fin de sa quête et l’apaisement ? 

Le film évite le sentimentalisme convenu et explore toute la complexité et la violence de l’adoption internationale sans tomber dans la facilité. Il n’explique rien. Le réalisateur ne capte que les émotions, avec une pudeur toute asiatique.