Happé par Hápax
Mattia Denisse expose au Grand Café ses œuvres issues d’un imaginaire absurde et sans limites.
Et si Mattia Denisse se jouait de nous. De notre envie de chercher et surtout de trouver un sens aux imaginaires. « C’est un univers décalé de notre époque. Ses mondes imaginaires sont inspirés de la pataphysique, la métaphysique de l’absurde développée par Alfred Jarry », explique Anne Bonnin, commissaire de l’exposition, qui depuis de nombreuses années, s’attache à présenter l’art portugais dont le courant des avant-gardes modernistes. Car Mattia Denisse, bien qu’originaire de Blois, est tombé amoureux de Lisbonne il y a 24 ans. Il entretient des relations amicales avec des artistes lusitaniens comme Joao Maria Gusmao et Pedro Paiva dont il réalise l’anthologie des textes à l’occasion de la biennale de Venise en 2009.
Dans l’ensemble de ses œuvres présentées au Grand Café, l’énigme est la règle, le dessin est le corps de ses récits fantasques et absurdes. L’auteur développe une mythologie toute personnelle, nourrie par la littérature et les différentes mythologies du monde. Comme ses monotypes de la série “Eve fume” qui revisitent la Genèse. « C’est une observation d’Adam et Eve dans les premières humanités », déclare l’artiste. Seul Dieu fumait, Eve dérobait le tabac et le fumait en cachette pendant qu’Adam souffrait de mélancolie.
Sa série Encyclopédie psychopompe est une « réactualisation personnelle » du savoir humain. Mattia Denisse a couvert les pages effeuillées d’une vieille encyclopédie de dessins sans rapport avec leur contenu. Elle détaille son outre-monde et les puissances occultes qui animent les humanités et tranchent avec le savoir rationnel : les ravages de la guerre, les féminicides, les crimes, les phénomènes météorologiques. Cette encyclopédie sert de « passeur, de guide des âmes qui conduit au royaume de la mort ».
De la création à la mort, Mattia Denisse joue la satire de nos imaginaires. Au final, Momos n’aurait-il pas inspiré son œuvre ? Ce dieu mineur de la mythologie grecque, celui de la raillerie et des malicieuses critiques qui trouva refuge chez Dionysos, dieu des plaisirs terrestres.
///// les + /////
• Rencontre avec l’artiste dimanche 12 mars, 15h.
• Visites commentées tous les samedis, 16h.
• Les visites de la bicycette, de l’absinthe et du revolver, visite exploratoire à partir d’un jeu de carte énigmatique, samedis 4 et 16 mars, 19 avril, 17h.
• Visite dico-ssinée, pour les enfants de 6 à 11 ans, samedi 11 mars, 11h.