Retour à l'agenda
Associations # Saint-Nazaire

Sur la base, petites pousses deviendront grandes

Depuis un peu plus d’un an, fruits et légumes poussent sur toit de la base navale à Saint-Nazaire. L’association Béton à semer ensemble (Bàse) veille au grain. Ses citoyens-jardiniers préparent déjà les prochaines saisons.

Lentement mais sûrement, les nouveaux habitants du toit de la base sous-marine s’acclimatent à leur terrasse XXL. Des coccinelles crapahutent dans les pieds d’artichauts. Des fleurs émergent d’un meuble transformé en jardinière. Des plants de tomates s’enroulent autour des cordes qui leur servent de tuteurs. Quelques fraises pointent le bout de leur nez à travers un système de plantation vertical. 

A côté des arbres installés par le paysagiste Gilles Clément, ces cultures ont vu le jour grâce à l’association Béton à semer ensemble. Françoise, présidente de la structure, et Maryse, vice-présidente, inspectent les plantations, satisfaites mais prudentes. « L’année dernière, tous nos légumes ont grillé pendant la canicule », raconte Françoise. « Nous sommes sur un terrain hostile, exposé au vent, avec très peu d’ombre, et la chaleur est réverbérée par le béton. » 

Du maraîchage sur le toit d’un ancien bunker, mais pourquoi donc ? L’idée a germé dans la tête des organisateurs du festival Les Escales en 2017. Cette année-là, la destination invitée était Détroit. La ville américaine, pionnière en agriculture urbaine, les avait inspirés. Ils ont fondé l’association. La municipalité nazairienne, convaincue, a imaginé un projet avec une demande de fonds européens, mais celle-ci n’a pas abouti. Ensuite, divers événements malheureux ont ralenti l’éclosion du potager, dont la découverte d’infiltrations d’eau dans le toit qui vont nécessiter d’importants travaux, puis la Covid et plusieurs renouvellements du bureau de l’association.  

Végétal et expérimental 

Les bacs de culture ont été fabriqués en 2020 par des bénévoles, à partir de matériaux de récupération, chez un partenaire, les pépinières Duval. Mais ils n’ont été acheminés sur le toit que fin avril 2022. « Il y a beaucoup à construire. L’environnement nous oblige à bien réfléchir à nos choix de plantations », estime Françoise. Cette retraitée, ancienne directrice de la communication d’un grand groupe, a rejoint l’aventure en 2019. Elle est déterminée à faire évoluer le potager, même si cela doit prendre plusieurs années. « Le projet m’a tout de suite intéressée. Je ne m’étais jamais investie comme cela auparavant. Avec le changement climatique, reverdir la ville est une nécessité. » 

« Notre objectif n’est pas de faire une grosse production alimentaire ni de générer des revenus en vendant des fruits et légumes », précise-t-elle. Maryse abonde : « Nous voulons embellir le lieu, développer la biodiversité et surtout créer du lien. » Retraitée également, elle connaît bien ce sujet, pour avoir travaillé longtemps dans un établissement socio-culturel. « Nous aimerions proposer des ateliers pédagogiques avec différentes structures comme des écoles ou des Esats. Certains nous ont déjà fait part de leur intérêt. » Avec le soutien de la ville de Saint-Nazaire, l’association a recruté une salariée à temps partiel, début juin, pour développer ce volet animation. 

Bientôt des voisins ? 

Les volontaires de Béton à semer ensemble se retrouvent tous les jeudis après-midi et samedis matin, pour entretenir le potager. Les missions ne manquent pas. « Nos deux priorités sont l’installation d’un système d’irrigation alimenté par un panneau photovoltaïque et la création d’ombrières », expose Françoise. Les bénévoles aimeraient également repeindre les bacs de culture en couleur, lors d’un chantier participatif, et installer des banquettes. Puis viendront d’autres projets plus conséquents. Une fois les travaux d’étanchéité du toit réalisés (« incessamment »), le potager prendra une nouvelle dimension, avec l’installation d’un chalet en guise d’accueil et de stockage, des citernes et la plantation d’une allée d’arbres fruitiers « en pleine terre ».  

Sur l’immense toit, à côté des trois allées dévolues à l’association, d’autres activités, portées par d’autres structures, liées aux loisirs notamment, sont en projet. Il faut dire qu’entre sa vue imprenable sur la mer, sa localisation en centre-ville et son volume, le lieu a du potentiel. L’association s’imagine bien travailler avec différents partenaires, et voit sur le long terme. Elle aimerait installer des ruches, et pourquoi pas, un jour, se déployer en contrebas du toit de la base sur un espace aujourd’hui inutilisé. Sans oublier de penser convivialité. « On pourrait organiser des projections en plein air », imagine Maryse. Mais toutes ces idées demandent des bras. Actuellement animée par un noyau d’une douzaine de bénévoles actifs de tous âges, l’association cherche activement à grossir ses rangs. Avis aux intéressés ! 

Françoise, présidente de la structure, et Maryse, vice-présidente, inspectent les plantations.