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Portraits # Pornichet

Un vent de solidarité dans ses mollets

Il a traversé 7 pays et parcouru 4 500 km. Après 55 jours de vélo, Karim Lounici, 71 ans, a rejoint Kiev. Objectifs de son périple : sensibiliser les populations
à la tragédie ukrainienne et récolter des fonds pour son association.

Le docteur Lounici a rejoint Kiev à vélo pour porter secours et délivrer un message de paix.

Dès mars 2022, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, Karim Lounici répond à l’appel du Président Volodymyr Zelensky qui demande de l’aide aux Européens. En raison de sa méconnaissance de l’anglais, le médecin de Pornichet, tout récemment retraité, n’est pas admis à intégrer l’Armée. Déterminé à aider, il décide tout de même de partir. À la frontière, il se dirige vers les instances civiles mais se fait de nouveau refouler. « Ce refus ne m’a pas plu. Je n’ai pas parcouru plus de 3 000 km pour me retrouver dehors ! » Alors, avec trois autres camarades volontaires, il fait du stop, embarque dans un bus jusqu’à Lviv. 

« Face à la panique, c’est la désorganisation totale. Personne ne sait où donner de la tête. » 

Malgré les obstacles, des situations et un « interrogatoire » français ubuesques, il réussit à s’imposer dans un centre humanitaire où le Commandant finit par le recevoir et contacter l’hôpital international de Lviv. Nouveau refus :  besoin de chirurgiens, pas de généralistes ! Idem du côté de la Croix-Rouge anglaise. Pendant 48h, le Pornichétin se démène pour trouver des solutions. Un lit aussi. Au bout de 10 jours, il trouve enfin un foyer de réfugiés tenu par un prêtre polonais qui accueille 260 personnes. Il y restera deux mois. Deux mois durant lesquels il soigne et participe aux maraudes à Irpin ou Boutcha, la ville martyre. Deux mois avant qu’il ne perde son passeport et ne doive rentrer en France pour repartir le 7 juin 2023. 

Collecter, acheter, donner 

Le 7 juin, Karim reprend donc la route. À vélo cette fois, pour le compte de son association Atlantique Côte d’Amour-Ukraine in Europe, qu’il a créée le 10 janvier 2023. « Mon association va dans le sens de mon métier. » Son objet est de collecter des dons pour acheter du matériel chirurgical et des générateurs électriques. 

« Je veux poursuivre mon devoir vocationnel, l’œuvre médicale, humaine et humanitaire. » 

À vélo, seul et sans assistance, il cherche à « prouver que tout est possible. Avec de la persévérance et de la détermination, on peut réussir, y compris gagner la guerre ». Un message de soutien aux Ukrainiens, destiné également aux Européens. 

Promouvoir la paix 

En traversant l’Europe, le Franco-algérien veut sensibiliser les populations à ce conflit qui s’enlise. Il affiche néanmoins une certaine déception car « très peu de personnes se montrent empathiques, sauf les plus âgés, les Allemands notamment et les Anglo-saxons. » Mais il n’en démord pas et continue d’en appeler à l’aide pour « sortir les Ukrainiens de la colonisation. Une situation qui me rappelle la guerre d’Algérie durant laquelle j’ai perdu beaucoup de proches ». Revenu de Kiev le 25 août, il s’apprête à retourner en Pologne où il a dû laisser sa fidèle monture sur le chemin du retour. Un beau bijou d’une vingtaine de kilos qu’il a fait fabriquer sur mesure à Guérande. Il devrait également repartir en Ukraine au mois de janvier pour acheter de nouveaux groupes électrogènes grâce aux dons du Rotary club, dont il a été président à La Baule. Et, si vous aussi vous aidiez celui qui veut aider ?