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Associations # Saint-Nazaire

Signer à 4 mains pour le dire à 2Mains

Ouverte aux entendants, aux sourds signeurs et aux bébés, la toute jeune association 2Mains pour le dire persiste, et signe. Son objectif : « Créer des ponts, et renforcer les liens entre les deux cultures ». Mais pas que…

Jennifer Morel, trésorière et Bernie Colléaux, présidente de 2Mains pour le dire « ne souhaitent pas s’approprier cette langue, mais la diffuser » et créer des liens avec les autres associations LSF in situ.

Tout est histoire de signes. Et ce n’est pas Bernie Colléaux et Jennifer Morel qui “signeront” le contraire ! La première est tombée dedans toute petite, grâce à Récré A2 ! Qui diffusait alors, dans les années 80, l’émission Mes mains ont la parole, destinée au jeune public sourd et malentendant. « Un vrai choc esthétique. » Une passion linguistique – « plus qu’un besoin » – qui prend corps en 2007 quand elle décide de se former à l’International visual theater à Paris. Un laboratoire de recherches artistiques, linguistiques et pédagogiques sur la langue des signes française (LSF), les arts corporels et visuels co-dirigé par Emmanuelle Laborit, comédienne, auteure et chansigneuse. Bernie ne pouvait pas mieux… tomber, décidément !, elle, qui aime cette langue pour ses dimensions « théâtrales, chorégraphiques, gestuelles, visuelles et charnelles ». Et plus encore. « Quand je signe, je suis quelqu’un d’autre. Dans ce monde-là, je me sens chez moi. Ce pourrait être mal perçu de penser ainsi, j’en  conviens ; beaucoup d’entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, mais j’aime cette langue. C’est viscéral. » Viscéral, ça l’est aussi pour Jennifer qui, de par son métier d’assistance maternelle, a découvert la LSF en 2017. Depuis, elle ne peut s’en passer : « J’en apprends tous les jours, c’est à l’infini, c’est passionnant », racontent ses mains en mouvement. 

Du soutien scolaire au bébé signe 

Depuis 2019, année de leur rencontre, les deux complices ont fait du chemin. Elles viennent de créer 2Mains pour le dire, une association qui se donne pour dessein de « transmettre, partager, rendre accessible la langue des signes, sa culture, son histoire. Et surtout de créer des ponts entre nos deux cultures, nos deux langues », autour d’une “danse” signée à trois temps.
Un, la formation « de » LSF, ouverte au public entendant, pour s’initier et acquérir les bases linguistiques et culturelles…, entre autres intérêts, comme celui de surmonter les troubles dys ou tout simplement de tordre le cou aux clichés. Deux,  la formation « en » LSF, ouverte au public sourd signeur (lycéens, étudiants, adultes), pour apprendre une langue étrangère (anglais écrit), rédiger un courrier, faire du soutien scolaire… Avec plus tard, le désir de « faire venir des professionnels, des spécialistes sourds et malentendants qui ont réussi dans leur domaine », histoire de voir que tout est possible, professionnellement, artistiquement… « à la seule condition, insiste Bernie, que cette langue devienne visible, accessible et qu’un maximum d’entendants la connaissent. » Mais connaître, sans apprendre, est-ce connaître ? Alors pourquoi ne pas s’y mettre dès le plus jeune âge ? L’atelier pour les tout-petits (0/3 ans), le 3e pôle, vous fait signe…