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Expos # Saint-Nazaire

Tati, le funambule mis en bulles…

Avec leur roman graphique, Tati et le film sans fin (Ed. Glénat), le scénariste Arnaud Le Gouëfflec et l’illustrateur Olivier Supiot nous plongent dans l’univers drôle et poétique de ce cinéaste de génie. Interview croisée, avant la rencontre du 14 octobre à la médiathèque Étienne-Caux.

Tati et le film sans fin © Olivier Supiot

Comment raconter Tati sans sombrer dans la paraphrase ? 

Arnaud Le Gouëfflec. Pour nous, raconter Tati est un vrai défi. Nous n’en sommes pas spécialistes, et on n’a pas l’intention de le devenir. Nous sommes plutôt des passionnés de l’univers singulier de ce cinéaste inclassable. Nous avons pris le parti de le faire dialoguer avec ses scriptes emblématiques. Deux grandes figures féminines, notamment, qui l’ont accompagné dans sa carrière et qui lui ont apporté un peu de rationalité, même si au départ, il n’était pas convaincu de l’utilité de ces gardiennes du temps. 

Qu’avez-vous eu envie de dire ? 

A.LG. En fait, nous voulions lever le voile sur le mystère Tati. Car finalement, on le connaît sans le connaître. Ses personnages sont plus connus que lui. Tati est quelqu’un qu’on n’arrive pas à mettre en boîte. Il est à la fois très populaire et expérimental. Nous avons eu envie de le faire (re)découvrir. Le livre, qui se veut aussi un hommage à son cinéma, aborde sa manière de jouer avec ses personnages et de travailler. D’où aussi le titre Le film sans fin qui évoque l’idée que Tati revenait systématiquement sur ses films. Il ne savait jamais s’arrêter, voulait tout maîtriser. 

Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot 

 

Quel regard portez-vous sur Tati et son œuvre ? 

A.LG. Tati, c’est la porte grande ouverte sur l’enfance. Son œuvre présente un côté poétique et un peu métaphysique parce qu’il transforme le monde. Il modifie le regard, le rapport à la réalité, au temps. Il a encore un pied dans le passé et a déjà un pied dans le futur.  

Olivier Supiot. Tati fascine parce qu’il est en avance sur son temps. Il voit les travers d’une société. Son œuvre est hors du temps, c’est-à-dire intemporelle, à l’image de son personnage emblématique, Monsieur Hulot, qui est comme une carte postale instantanée d’une époque, comme un message envoyé au futur. 

Avez-vous eu du mal à le croquer ? 

O.S. C’est compliqué de dessiner un personnage qui a existé et, qui plus est, l’a déjà été entre autres par Cabu. J’ai essayé de le représenter tel que je le percevais : un personnage en mouvement permanent, entre le cascadeur, le danseur, comme un funambule. J’ai pris aussi grand plaisir à croquer Monsieur Hulot pour lequel j’ai beaucoup de tendresse. 

Qu’est-ce que cela représente de venir présenter votre livre à Saint-Nazaire ? 

A.LG. Notre venue est l’aboutissement de notre démarche. Elle vient couronner notre histoire. Une histoire écrite pendant deux ans, très documentée, et commencée lors du confinement. En outre, c’est la première fois que je me déplace pour une expo autour de cette BD. Nous avons d’autant plus hâte que nous allons en plus nous retrouver dans le film !  

O.S. On est heureux et émus de présenter ici la façon dont on a travaillé. La médiathèque va en effet exposer des illustrations originales et on va partager cette aventure avec le public. 

  

/// Tout autour de Tati… 

Tati inédit : parcours autour de courts- métrages, pépites et raretés, cinéma Jacques-Tati (13 oct.). Conférence “Il était une fois… Monsieur Hulot” (14 oct.). Dédidace des auteurs de Tati et le film sans fin, visite guidée et vernissage de l’exposition, médiathèque (14 oct.). Promenade commentée sur les lieux de tournage des Vacances de Monsieur Hulot (15 oct). Atelier cinéma pour enfants (25 oct.).