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Associations # Saint-Nazaire

À deux (re)pas-de-porte solidaires

Au 112, avenue de la République, La Parenthèse. Un café solidaire, et tout nouvellement une cantine anti-gaspi. Au 110, la porte à côté, Le Bar’pat.
Un frigo solidaire et des paniers-repas pour celles et ceux « qui passent à travers les mailles du filet de la solidarité ». Deux adresses, deux lieux, deux associations portées par une même équipe. Et quelle équipe ! Rencontre.

Pascal vient presque chaque jour chercher son panier-repas au Bar’pat ; Sandrine toujours là pour le servir…

En réponse à la question « pourquoi ce nom, Bar’pat ? », le silence. Puis très vite, la confidence, dite à bas bruit, entre deux gorgées de café – « si on vous le dit, vous le gardez pour vous ! » –, avant que ne tombe l’aveu in fine assumé – « parce que c’est nous, les bons à rien, prêts à tout ! » De facto, inattendu et déroutant sinon insolite, le sens de cette union acronymique ! Un trait d’humour qui caractérise à la perfection l’esprit de cette nouvelle association portée par une coprésidence et une vingtaine de bénévoles.  

Bonne humeur et bienveillance 

Ces bénévoles, elles/ils s’appellent Marie, Fabrice, Sandrine, Arnaud, Stéphane, Patrick et… Tous, avec leur franc-parler généreux et leur âme charitable, n’ont qu’un mot à la bouche, enfin deux ! : « Bonne humeur et bienveillance… Rien de tel pour alléger la détresse de celles et ceux qui osent franchir le seuil de la porte. Car je peux vous dire que la démarche n’est pas facile à faire », assure Sandrine Bertreux qui sait de quoi elle parle. Qui sait, pour être passée par là, « ce que ressentent ces personnes ». Elle-même bénéficiaire avant d’être bénévole et coprésidente, depuis fin avril. Elle raconte, et avoue avoir « touché le fond. Après un sinistre chez moi, je me suis retrouvée à l’hôtel, avec mon fils en situation de handicap, isolée, anéantie, sans rien. Grâce au Bar’pat, j’ai pu sortir la tête de l’eau, à tout point de vue ». Aujourd’hui, elle s’y investit « à 200 % ». Et « ces paniers-repas qui [l’]ont bien aidée… », elle les tend, à son tour, à ceux dans le besoin.  

Aider les oubliés  

Car Bar’pat, c’est ça… Un « frigo solidaire » ouvert chaque matin (sauf le week-end), de 10h à 13h, aux plus grands précaires, sans condition de ressources aucune. « Nous nous intéressons à tous les oubliés, à tous ceux qui passent sous les radars de la solidarité… Retraités, jeunes, chômeurs, résidents de la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées), femmes seules, sans-abri, salariés à faible revenu… », énumère Patrick Vosgien tout en faisant visiter les locaux situés avenue de la République, en lieu et place de l’épicerie sociale et solidaire Totem, liquidée en décembre 2022, et dont il fut le président. Quand soudain, la porte s’ouvre. Il se retourne, et en profite pour saluer Pascal qui vient d’arriver. Il vient chercher son panier, « pas tous les jours mais presque, ça dépend en fait, c’est selon mes besoins. Si cet endroit n’existait pas, il faudrait l’inventer, ajoute-t-il avant de se confier : « Ici, on parle, on rigole, je me sens moins seul, c’est convivial, comme une grande famille. »  

L’équipe à la veille de l’ouverture officielle de la cantine anti-gaspi de La Parenthèse. 

 

Les paniers-repas  

Une famille qui ne cesse tristement, au regard de la conjoncture économique actuelle, de s’agrandir : « Depuis l’ouverture de Bar’pat, en février dernier, nous sommes passés de 10 à 60 bénéficiaires. Et ça ne va pas s’arrêter là », s’inquiète Fabrice Rabikowski ; la lourde décision des Restos du cœur de durcir leurs critères d’admission ne va que renforcer le phénomène. « Nous distribuons en moyenne 15 paniers par jour, c’est variable, et tout dépend de la ramasse du jour. » Des fruits, des légumes, des conserves, de la viande… Uniquement des invendus en DLC (date limite de consommation) courte récupérés auprès d’une seule grande surface, « 70 kg en moyenne par jour, pas énorme, que nous partageons avec d’autres associations. Aujourd’hui, typiquement, nous n’avons presque rien récolté », déplorent les bénévoles qui, chaque mercredi, reçoivent un grand sac entier de pains et viennoiseries offert par Pain contre la faim…  

La nouvelle cantine 

Et quand viennoiseries il y a, elles servent à agrémenter le café solidaire du matin (0,50 cts) de La Parenthèse, l’autre association de la porte d’à côté, elle, située au 112, et gérée par la même équipe. Qui vient tout juste d’inaugurer sa cantine anti-gaspi… 15 couverts le midi, un plat unique à 5 €, une entrée à 1,50 €, idem pour le dessert, et encore moins cher pour le fromage… « Ce sera de la cuisine de transformation, à la bonne franquette, simple et réalisée à partir de produits frais que nous aurons achetés  », assure Arnaud Moyon, le cuisinier bénévole. Après le café du matin, le repas du midi, place aux ateliers de l’après-midi, divers et variés (initiation à la généalogie, jeux de société, cuisine, aide à l’informatique…) et même au troc ! « Nous voulons cet espace convivial, un endroit pour se retrouver, discuter, écouter, conseiller, aider sur des démarches administratives et rire aussi, surtout… » 

Besoin de bénévoles et de dons 

Preuve qu’à La Parenthèse, les idées fusent, « mais, pour maintenir l’existant, et construire de nouveaux projets, nous ne vous cachons pas que nous aurions besoin de plus de bénévoles…», fait savoir Marie Mativaud. Et de dons aussi, qu’ils soient alimentaires, financiers ou matériels (tringles à rideaux, vêtements, grand frigo, par exemple). Les demandes de subventions sont en cours. « En attendant, on se débrouille comme on peut. Déjà, on a cette chance d’occuper les lieux sans payer de loyer, et ce, jusqu’à fin décembre. Le temps pour nous de nous tester, nous consolider et nous ancrer sur le territoire de la solidarité. »