[zoom] Le garçon et le héron
(Japon 2023) animation d’Hayao Miyazaki.
2h04.
Des perroquets psychopathes dévoreurs d’hommes, des pélicans sortis tout droit d’un film d’Hitchcock, un héron cendré harceleur-guetteur pas très commode, de vieilles domestiques affreusement attachantes, des Warawara tout de blanc vêtus en sursis et ce jeune garçon, Mahito, traumatisé par la mort de sa mère, brûlée vive lors de l’incendie de l’hôpital. Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale. Tokyo est bombardée sans discontinuité. Avec son père, Mahito part se réfugier à la campagne où l’attend sa belle-mère, la sœur de sa mère ! Et non loin, ce manoir hanté dans lequel d’étranges phénomènes se produisent… Enfin, nous voilà projetés, après un début qui peine à démarrer, dans le monde fantasmagorique de Miyazaki, comme on l’aime. Entre l’espace et le temps pour une odyssée poético-
polymorphique inversée. Profonde et abstraite.
Avec Le garçon et le héron, le pape de l’animation japonaise fait son grand retour, après 10 ans d’absence ! Que c’était long ! Surtout pour les admirateurs de la première heure… Qui n’est pas tombé sous le charme de Chihiro, de Princesse Mononoké, de La petite sorcière et j’en passe ? Qui n’a pas voulu voyager dans Le château ambulant pour visiter Le royaume des chats ? Pour ne citer qu’eux. Depuis Le château de Cagliostro, son premier long-métrage en 1979, Miyazaki a passé sa vie à nous faire rêver, à nous promener dans des univers parallèles, porté par des thèmes qui lui sont chers : la guerre, la mort, le deuil, la pensée animiste, l’enfance… Oui, il les chérit, et surtout les convoque dans chacun de ses films. Le garçon et le héron n’y échappe pas. Un bijou onirique, pour une lettre testamentaire ? Probable que le cinéaste des quatre éléments, celui qui filme la nature comme jamais, à la fois vengeresse et protectrice, signe là son œuvre la plus personnelle. Un condensé de tout son univers parfois un peu chaotique, mais assurément magique. Un immanquable !