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Portraits # Saint-Nazaire

Cinquante nuances de Gray

Depuis 1986, Gray expose dans les galeries, fréquente les salons, réalise des installations. Pour exprimer ses émotions, laisser une empreinte, la plasticienne utilise toutes les techniques, matières et nuances...

Gray épate la galerie au 7, parc du Marché.

L’entrée dans l’antre de l’artiste se fait en musique. En ce lundi d’automne, l’heure est au jazz. C’est l’heure bleue, la couleur qu’elle lui a attribuée. À moins que ce ne soit l’inverse. Car Gray travaille toujours en musique. Rouge pour l’opéra, bleu donc, pour le jazz…, avec cette constante : des couleurs toujours chatoyantes. Dans la galerie atelier qu’elle a ouverte en juillet, elle expose ses grands formats (1,50 m) mais aussi de plus petits (20×30 cm) « pour que ma peinture soit financièrement accessible ». Celle qui crée plus d’une trentaine de toiles par an avait aussi « besoin d’un grand espace d’expression » à l’image de ses toiles : lumineux. Son atelier, elle l’a voulu sobre et ouvert sur la place du Marché. Elle y réalise un accrochage différent par mois et rêve d’en faire un lieu de rencontre, de convivialité, d’échanges entre public et artistes. « Ce qui me rend heureuse, c’est la reprise de contact avec les Nazairiens », confie celle qui vit aujourd’hui à Saint-Marc. « Je  reste en effet une fille de tous les quartiers de Saint-Nazaire. À commencer par Kerdélé », revendique la septuagénaire qui a beaucoup déménagé dans sa ville natale. Passer de sa maison saint-marcoise à la galerie lui offre aussi une meilleure visibilité en plein centre. Car Gray expose un peu partout en France et en Europe. 

De Saint-Nazaire à Paris 

En février, la plasticienne sera au salon Comparaisons dans le cadre d’Art en capital au Grand palais. Ce salon de l’art figuratif et abstrait, où elle participe depuis 15 ans, accueillit en son temps Picasso, Matisse… Orféo, l’une des œuvres de Gray a même été sélectionnée parmi 8 000 toiles pour servir d’illustration à la manifestation parisienne ! Une belle reconnaissance pour cette artiste qui s’est mise à la peinture sur le tard. À la trentaine. Depuis, elle n’a donc plus lâché les pinceaux qu’elle a saisis dans les années 80 à l’école Camille-Claudel, ancienne école des Beaux-Arts de Nantes-Saint-Nazaire. Une vocation était née. Elle y apprit l’histoire de l’art, la sculpture et la peinture. Il lui aura fallu travailler huit années pour parvenir à l’art abstrait. Elle se choisit Gray comme nom d’artiste. Un nom qui laisse planer l’ambiguïté sur son identité. Car « il y a 46 ans, ce n’était pas facile quand on était femme » de tisser sa toile dans le milieu de l’art. Est-ce réellement plus facile aujourd’hui ?