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Associations # Saint-Nazaire

Cot’âge : loger jeunes et seniors à la même ancienne

Avoir un grand-père ou une grand-mère pour colocataire, c’est la proposition faite aux jeunes par l’association Cot’âge qui s’installe à Saint-Nazaire. Dans le bassin nazairien, la colocation intergénérationnelle fait son chemin.

Occuper des chambres inoccupées chez les seniors, lutter contre l’étalement urbain, l’isolement… Quelques-uns des atouts de la cohabitation intergénérationnelle.

« Dans le domaine de la cohabitation, l’inter-générationnel entre seniors et jeunes fonctionne. Parce que les premiers aspirent à rester le plus longtemps possible dans leur logement et parce que les seconds galèrent à se loger. » Cette dernière expérience, Juliette Capitaine l’a vécue lorsqu’elle a souhaité revenir s’installer dans sa ville natale après avoir terminé ses études de CESF*. « Il existe beaucoup de personnes âgées qui vivent seules dans des grandes maisons sur la côte. Au vu du besoin et de l’envie de bien vieillir chez soi et du développement de l’offre étudiante ici, la colocation intergénérationnelle solidaire m’est apparue comme une évidence. » Fin 2022, la Nazairienne entre alors en relation avec le réseau national Cohabilis qui met en œuvre des solutions d’habitat partagé comme le logement intergénérationnel solidaire. 

Enjeu de santé publique 

« La coloc intergénérationnelle : une présence bienveillante d’un côté. L’assurance d’avoir un toit de l’autre », Juliette Capitaine. 

 

Pendant un an, Juliette mène de front son job de travailleuse sociale à Solidarité estuaire et ce projet. Elle y travaille soirs et week-ends pour le concrétiser au 1er janvier 2024. À cette date, celle qui a aussi fait ses armes auprès de l’association d’hébergement solidaire Nantes’Renoue prendra donc officiellement les rênes de l’antenne nazairienne de Cot’âge. Une nouvelle association au principe assez simple : proposer aux plus de 60 ans de louer une chambre de 9 m2 minimum à des moins de 30 ans (étudiants, travailleurs, personnes en situation de handicap…). “Solidaire” ou “conviviale”, deux formules existent. Dans la première, le jeune ne paie que les charges (50 €), en échange d’une présence bienveillante. Mais « il peut rendre des petits services comme le ferait un petit fils. » Dans la deuxième, le senior propose son logement à un jeune avec un loyer de 250 € maximum. Pas de contrepartie dans ce cas, « mais un complément de revenus pour le senior. » Quant au jeune, il peut se faire accompagner par Cot’âge pour certaines démarches administratives afin de toucher les APL par exemple. Dans les deux cas, ce type de coloc « fait naître de belles histoires ». Et quand on sait que souffrir de solitude est aussi néfaste que fumer 15 cigarettes par jour, l’enjeu de santé publique pour permettre au senior de se sentir moins isolé est bien réel. 

Colocataires et solidaires 

« Les jeunes sont plus ouverts que les seniors sur ces questions de colocation. Car il existe parfois une appréhension chez la personne âgée. Mais tout est encadré juridiquement par la loi Élan. On n’est pas sur le bon coin », poursuit la jeune femme de 25 ans. L’association se charge d’ailleurs de créer la rencontre avec le jeune qui répond à un questionnaire sur ses passions, modes de vie et envies… Un autre entretien est mené avec le senior concernant ses attentes, son caractère… Puis Cot’âge identifie un binôme, organise une rencontre commune et voit si ça matche. Ensuite, un contrat de cohabitation est signé entre les trois parties. Sur les trois premiers mois, un suivi accru est proposé par l’association. Si le règlement n’est pas respecté, la cohabitation prend fin. Avant même le lancement officiel de la structure nazairienne, « deux binômes, dont un couple de seniors, sont déjà en train de se constituer, grâce au bouche à oreilles », se félicite Juliette qui dit « réaliser ici le projet de (s)a vie ». Son objectif de former sept binômes en 2024 devrait donc être facilement atteignable… 

* conseillère en économie sociale et familiale