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Cinéma # Cinéville

[zoom] Making of

(France 2024) comédie de Cédric Kahn avec Denis Podalydès, Jonathan Cohen, Stefan Crepon.
1h54.

Note de la rédaction :

C’est dire s’ils l’ont bien vendue, cette comédie… drolatique à s’en tordre les boyaux ou dramatique en diable, in fine ? À jeter un œil sur la bande-annonce, tout semble converger vers la première locution adjectivale. Et au-delà de toute attente – on y reviendra  –, c’est tout un champ lexical que l’on voit mis sur le devant de la scène par la critique en verve : « Tordant, hilarant, drôle, jubilatoire, etc. ». Sauf que – on y revient –, les zygomatiques ont fait des leurs, en mode off, irréfutablement ! Tromperie sur la marchandise ? La question se pose. 

Making of, avouons-le sans tabou, joue davantage sur le registre du drame social que sur celui de la comédie comme on l’entend, pure et dure ! Ce qui n’est pas pour nous déplaire, de facto. Après Le procès Goldman, le tout dernier et puissant film de Cédric Kahn, le réalisateur dépeint l’envers du décor, les coulisses du 7e art, un film dans le film qui démythifie, désacralise le monde du cinéma. Que d’aucuns fantasment, pour ne l’avoir jamais vécu de l’intérieur. Même si nul n’ignore que derrière les paillettes et les tapis rouges se cache souvent une tout autre réalité. Et Making of la dévoile, la révèle, avec panache et brio. À l’image des protagonistes, investis, convaincus à 100 %. Et c’est dire ! 

Un Xavier Beauvois, fabuleux en producteur mytho, un Jonathan Cohen, exaspérant en comédien à l’ego démesuré qui incarne un leader syndical en colère, et très râleur. Deux jeunes talents prometteurs : Souheila Yacoub, dans la peau d’une actrice en prise à ses états d’âme, et Stefan Crepon, un pizzaïolo qui rêve de faire du cinéma. Quant à Podalydès, excellent, comme à son habitude, en réalisateur déprimé qui part « à la dérive ». Une femme à deux doigts de le quitter, le couple bat de l’aile ; des acteurs à fleur de peau, difficilement gérables ; un film qui perd ses financements, la fin pas assez happy end ! ; une équipe de tournage prête à quitter le navire, car non payée ! Un (autre) conflit social (interne au tournage) qui vient s’emboîter dans celui qui se joue devant les caméras, l’histoire d’ouvriers virés de leur usine qui se battront jusqu’au bout du bout. Un double conflit où la fiction devient réalité et vice-versa. En fait, rien ne va dans le monde merveilleux du cinéma. Bref, la vraie vie, quoi !