Retour à l'agenda
Portraits # Saint-Nazaire

Stan Fort, une musique qui rappe proche

Le rappeur nazairien Stan Fort sort son premier album Incerta mundi. Le premier titre, Indépendance, rend un hommage au monde ouvrier, dans un clip tourné aux Forges de Trignac.

Le rap de Stan Fort

Un grand-père accordéoniste, une grand-mère pianiste, un père guitariste dans des groupes de rock, et maintenant pour son fils… On y reviendra. Si ça, ça ne s’appelle pas être baigné dans la musique… Stéphane Baudet grandit à Saint-Nazaire dans les années 1990. À l’heure où le rap émerge, un style que sa grande sœur écoute abondamment. « Lunatic, Assassin, Time Bomb, La Scred Connexion… Ça tournait tout le temps à la maison. » Le rap, une évidence, donc. Ne sachant jouer d’aucun instrument, tout passerait par la voix, et les mots : « Le premier album que je me suis vraiment offert, c’était Gravé dans la roche de Sniper. Énormément d’émotions en l’écoutant : joie, euphorie, tristesse, colère aussi. J’ai tout de suite trouvé que le rap pouvait être un bon moyen d’exprimer des sentiments, des sensations, des revendications. » 

Premier album dans les bacs 

Une dizaine d’années de « défouloir », à écumer les scènes ouvertes – dont une première partie de Médine sur invitation du groupe Akalmy. Il était temps pour le trentenaire d’enregistrer en studio. Son nom de scène sera Stan Fort, un « blase » trouvé pour les besoins d’un passage radio chez Prun’. Un an et demi de travail, et sept titres ont éclos, pour former Incerta mundi. Un album aux inspirations, aux styles différents d’un son à l’autre. L’artiste navigue, sur une base rap, entre reggae, rock, électro. Un mélange aussi de thématiques puissantes et actuelles : les addictions (Les douze coups), la condition humaine (La somme de tout), ou encore les féminicides (Numéro 149). Très attaché à l’idée d’un travail commun, Stan Fort s’entoure pour l’occasion d’une équipe soudée. On y retrouve sa femme Adelita, pianiste, son oncle Daniel, qui signe un des textes, et son père Jean-Luc (on y revient) à la gratte. Il collabore même avec 18 autres rappeurs (installés ou non) pour un freestyle fleuve qui clôt l’album : Sur la corde à Lienj, sorti le 19 janvier. 

Mise en lumière de la classe ouvrière 

Incerta mundi est le récit d’une perplexité face à l’état du monde. Une atmosphère que retransmet bien la pochette, figurant des usines enfumées, non sans rappeler celle du Animals de Pink Floyd. Le titre introductif de l’album, Indépendance, rend en cela hommage aux morts et blessés du monde ouvrier. Le clip de ce son s’est tourné aux Forges de Trignac, lieu hautement chargé d’histoire, symbole du passé ouvrier de la région. Un milieu que Stan Fort, propriétaire d’une entreprise de terrassement, connaît bien : « Le morceau exprime cette recherche par le travail d’une indépendance financière, raconte-t-il. Je suis prolétaire, issu d’une famille de la classe ouvrière. J’ai passé quasiment 15 ans dans le milieu industriel. J’ai croisé des profils divers et variés, aux parcours de vie parfois joués d’avance, dont certains m’ont laissé sans voix. » Vécu, engagement, authenticité : voilà en quoi consiste la manière (Stan) forte !