Les quartiers en fripes
Depuis octobre, l’association d’insertion La Grange aux fringues, spécialisée dans les vêtements d’occasion, expérimente le déploiement d’un camion itinérant dans les quartiers. Un concept innovant.
La fripe rit au marché de Saint-Marc-sur-Mer.
« Si vous venez pas à La Grange aux fringues, La Grange aux fringues ira à vous ». Cette année, la boutique de vêtements d’occasion a pris un nouveau virage avec son camion itinérant. Elle abandonne le volet rachat pour ne se consacrer qu’à la vente dans Saint-Nazaire et sur certains de ses marchés mais aussi sur ceux des communes de Donges et de Saint-André-des-Eaux. « Avec la vente mobile de vêtements et d’accessoires de mode en bon état, nous cherchons à faire connaître ce service d’insertion de la Fédération des Maisons de quartier (FMQI) mais aussi à aller vers les habitants. Une démarche innovante qui est une façon originale de revendre des produits de seconde main, dans des endroits un peu stratégiques où on essaie aussi de créer de la convivialité. Comme un service de proximité », souligne la directrice de la FMQI Marie-Pierre Sou.
Mode solidaire à prix mini
Installée à la Bouletterie, la boutique a cessé l’activité dépôt-vente pour raisons financières à la fin de l’année passée. Initiée dans les années 80 par des bénévoles de la MQ de la Bouletterie, elle est devenue un support d’insertion dans les années 90 sous la houlette de la FMQI. Incertaine de son avenir, la friperie expérimente donc désormais la vente ambulante dans les quartiers des villes de la Saint-Nazaire Agglo.
Ludivine a rejoint La Grange aux fringues en même temps que le lancement du stand de l’association sur le marché de Saint-André-des-Eaux. C’était il y a trois semaines.
« Nous démarrons doucement. Il faut se faire connaître », confirme la quadra éloignée de l’emploi depuis dix ans.
Lorsqu’elle n’est pas “en itinérance”, comme les cinq autres salariés de La Grange aux fringues, Ludivine trie, étiquette, fixe les prix, jette ou remet en état les produits pour la vente, depuis la base de la Bouletterie. Mais « l’idée est de rapatrier le fonds de commerce à la FMQI pour rompre l’isolement de ces salariés et avoir un petit point d’accueil avec une vitrine ici », reprend Marie-Pierre Sou.
En route vers le réemploi
Outre la seconde vie donnée aux vêtements par leur remise dans le circuit, le secteur insertion s’emploie aussi au réemploi des salariés. Il s’adresse à des personnes rencontrant des difficultés dans leur accès à l’emploi (RSA, jeunes en contrat CIVIS, etc.). Avec les accompagnatrices socioprofessionnelles, Ludivine va ainsi construire un parcours professionnel. Pourquoi pas dans le secrétariat… Sandrine, elle, est en reconversion, suite à de gros problèmes de dos. Si elle ne sait pas encore précisément vers quel secteur s’orienter, elle se verrait bien réintégrer une boutique de seconde main après son passage à la Gaf*. Car la durée maximale des contrats de travail n’y excède pas deux ans. L’objectif de ces mises en situation professionnelle des salariés étant également de les faire monter en compétences.
Toujours en quête de solutions pour pérenniser son projet, qui vit grâce aux dons des particuliers, la direction envisage encore la mise en place de points de dépôts dans les entreprises. Dans cette dynamique, l’association recherche aussi des bénévoles pour faire la tournée des popotes et remplir la grange de fringues…