L’Ourse Nocturne de l’autre côté des rails !
Pour sa 2e édition, dimanche 7 avril, le carnaval de L'Ourse Nocturne de l'Autre reliera la Berthauderie à Prézégat. L’occasion d’investir en fanfare et en costume un lieu périphérique, et de s’y ancrer « de manière décalée ! »
« Le carnaval, c’est se cacher pour mieux se révéler, pour révéler une facette inconnue de nous-même. C’est laisser tomber les barrières d’habillements, les stéréotypes. »
La parade à Saint-Nazaire, un mythe ? Plutôt une institution… Qui se remet au goût du jour avec L’Ourse Nocturne de l’Autre, et pas que* ! Avant que cette forme ne disparaisse progressivement de nos espaces urbains, longtemps la ville portuaire a résonné au rythme des tambours.
Du défilé de la mi-carême…
Avant-guerre déjà, « dans les années 1920-1930 avec le défilé de la mi-carême, une fête alors associée au calendrier chrétien », raconte Béatrice Bailet, artiste plasticienne et « passionnée de carnaval », confie-t-elle, sans se cacher derrière un masque ! Deux mondes qui, avec elle, ne font plus qu’un… Puis est venu le temps de la mascarade et du grand spectacle, rompant ainsi avec la tradition, et le cadre religieux. En avril 1960, est lancée « la parade humoristique, avec sa caravane publicitaire, ses déguisements, ses confettis, son bal et ses chars thématisés », qui caricaturent, revisitent non sans humour ni ironie, les pages de notre histoire et des actualités.
… au Chariboumnaz
Béatrice est incollable sur le sujet. Rien ne lui échappe. Faut dire, depuis 14 ans, elle voyage à travers le monde (Italie, Suisse, États-Unis, Amérique du Sud…) pour nourrir son Inventaire des fêtes, projet artistique mené autour du carnaval et des traditions populaires masquées. Aujourd’hui, les voyages plus espacés, Béatrice se penche sur les histoires et fêtes populaires d’ici, entre Presqu’île et Pays-de-Retz. Une source intarissable. Preuve en est encore avec Saint-Nazaire – on y revient – qui, au début des années 1970, délaisse la parade humoristique pour le Chariboumnaz (deux jours de musique, de danse, de spectacles…) avant de prendre une tout autre forme avec les Fêtes de la mer, puis Les Escales, « propositions perçues alors comme une continuité dans la tradition festive et collective nazairienne », précise l’un des trois piliers, avec Stanislas et Samantha, de L’Ourse Nocturne de l’Autre.
de la Berthauderie à Prézégat
L’Ourse Nocturne de l’Autre, un nom atypique, en référence à cet animal (décliné cette année au féminin), « puissant et sauvage, beaucoup utilisé dans les traditions européennes, pour se déguiser ». Un nom pour un collectif créé l’an dernier, dans ce dessein de redonner à la tradition carnavalesque, en l’occurrence nazairienne, ses lettres de noblesse. Avec envie forte de fédérer les quartiers, de créer des croisements entre les habitants autour d’un lieu situé en périphérie, et de s’y ancrer « de manière décalée ! » Des lieux en mutation urbaine, comme le site de l’ancien hôpital de Saint-Nazaire. Des lieux qu’on ne voit pas, ou trop peu… Pour cette 2e édition, L’Ourse va passer non pas de l’autre côté de l’eau mais des rails ! « On va faire le lien entre les quartiers de la Berthauderie et de Prézégat en célébrant, comme il se doit, l’ascension de la passerelle, presque unique voie d’accès au quartier. »
Pour la première, plus de 400 personnes avaient participé à cette parade costumée, festive, colorée, dansante et musicale. En temps réel, et en amont, au travers des ateliers de danse, de création de costumes et de masques. Comme cette année. D’ailleurs, sera proposé le jour J, dès 14h au Carrefour des solidarités, un atelier dernière minute, avec une malle pleine de déguisements et autres accessoires pour se maquiller. Et déployer ainsi tous vos imaginaires. Une belle occasion de sortir de votre grotte, et des rails ! Bon carnaval…