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[zoom] Hors-saison

(France 2024) drame de Stéphane Brizé avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura.
1h46.

Note de la rédaction :

« C’est le silence qui se remarque le plus, Les volets roulants tous descendus, De l’herbe ancienne dans les bacs à fleurs, Sur les balcons… » Même si la chanson de Francis Cabrel, Hors-saison, vient à l’esprit à la vue du dernier film de Stéphane Brizé, c’est pourtant Vincent Delerm qui en signe la bande son. Tel un motif lancinant, cette scie musicale* rythme joliment un mélo “mélentcolique” et romantique que le réalisateur a co-écrit avec Marie Drucker. À la condition d’aimer celui qui se présente lui-même comme un chanteur “pluvieux”… Il y a aussi du Verlaine dans les jolis plans du Morbihan où les paysages sont à l’image des états d’âme : « Il pleure dans mon cœur/Comme il pleut sur la ville/Quelle est cette langueur/Qui pénètre mon cœur ? » 

Car le film traite de la déprime d’un acteur célèbre (Mathieu) auquel la vie échappe, à l’instar des machines ultra sophistiquées du centre de thalassothérapie de luxe où il a échoué pour se refaire une santé. La perte de contrôle mécanique en évoque une autre : celle de la maison futuriste de M. Arpel, dans Mon oncle, où Tati semblait déjà avoir inventé la domotique. Elle apporte quelques notes d’humour et de légèreté à ce long métrage sur les amours passées, le sens de la vie. Celle qu’on a choisie, celle qu’on croit réussie, et d’un autre côté, celle dans laquelle on est coincé, celle à côté de laquelle on est passé. Comme cette ancienne histoire d’amour avec Alice (Alba Rohrwacher) qui retrouve cet homme égaré 15 ans après, parce qu’elle habite non loin du paquebot thalasso du héros. 

Mais avant ces retrouvailles feutrées, cet homme en peignoir et en pleine crise existentielle, incarné par Guillaume Canet, semble être le seul personnage du film. En pleine déprime, et alors qu’il essaie de refaire surface parce qu’il a lâchement plaqué la pièce dans laquelle il devait jouer, le naufragé doit faire face. Faire face aux fans pressants et oppressants qui, en toute circonstance, veulent une photo, pendant les séances de soins, les dîners moroses. Il résulte de ces selfies permanents, avec le personnel, les clients, les quidams, des situations cocasses. Cet aspect du film est une mise en abyme réussie de ce qu’est, sans doute, la vie d’acteur avec un Guillaume Canet qui donne le sentiment de jouer son propre rôle. Après ces courts épisodes comiques arrive la romance. Elle se passe de dialogue et fait la part belle au silence grâce à un joli jeu d’acteurs tout en retenue. Dommage que l’histoire bifurque à un moment vers une sous-intrigue…