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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] LaRoy

(États-Unis 2024) policier de Shane Atkinson avec John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker.
1h52.

Note de la rédaction :

Un justicier auto proclamé, un tueur à gages psychopathe connecté H24 sur le Police scanner, une ex-miss écervelée, un quincailler benêt, un détective privé raté et fringué comme Lucky Luke, des officiers de police bas de plafond… Welcome to LaRoy ! Ville poussiéreuse du fin fond du Texas où tout semble daté, suranné. Les bagnoles comme les motels et les personnages. Tous d’un autre temps. On ne sait pas trop quand. Quelque part entre les années 1980 et 1990. Pas facile de savoir précisément à quelle époque se situe la comédie noire de Shane Atkinson, au caractère anachronique assumé. 

Sur fond de musique blues-country, l’ambiance est au western. Une vieille berline roule sur une route déserte dans la nuit noire. La musique, en mode On the road again des Canned Heat, crépite dans l’autoradio. Un automobiliste tombe en panne. Fait du stop. Le conducteur n’a pas d’autre choix que de s’arrêter… « Je pourrais être un assassin mais c’est juste un exemple », glisse le passager qui vient de s’imposer. Le conducteur semble effrayé. Il marque un temps d’arrêt avant de lui retourner sa blague, et de se lancer dans un monologue sur les tics d’un assassin. « Mais c’est juste un exemple. » Car une route déserte de nuit est plutôt un mauvais endroit pour tomber en panne, non ? Alors qui des deux est un assassin ? Peut-être aucun… Toujours est-il que cette inversion des rôles dans ce film qui joue avec les codes du thriller est drôle, d’emblée, dès cette scène d’ouverture. 

Dans ce long métrage burlesque, qui démarre sur les chapeaux de roue, le personnage principal est un “serial qui leurre”. Sa maladresse l’embarque dans une avalanche de catastrophes loufoques. Point de départ : un quiproquo sur un parking à partir duquel s’enchaînent des rebondissements rocambolesques. La mécanique scénaristique bien huilée s’amuse à engluer les personnages dans des ennuis de plus en plus poisseux et sanguinolents. Une histoire échevelée et jubilatoire traitée avec un certain sens du sarcasme par celui qui est présenté comme un disciple des frères Coen. Il emprunte d’ailleurs beaucoup à Fargo, la neige en moins, avec ses scènes trash découlant de losers gaffeurs. Le sens du cadre, du timing et de l’humour du réalisateur américain a valu à son long métrage trois prix au dernier festival de Deauville : Grand Prix, Prix du public et Prix de la critique. Pas mal pour un premier film.