Retour à l'agenda
Rendez-vous # Besné # Donges # Montoir-de-Bretagne # Saint-André-des-Eaux # Saint-Malo-de-Guersac # Saint-Nazaire

Un Festival de l’eau qui coule de source !

Du 6 au 20 mai, Athénor célèbre l’eau sous toutes ses formes musicales. Une traversée sonore éclectique et insolite entre Saint-Nazaire et la Brière, entre ici et ailleurs. Des escapades à écouter, et à découvrir à pied, à vélo, en kayak, en chaland et même allongé ! Une première édition qui met l’eau à la bouche…

Organisateurs, partenaires et artistes réunis pour la mise à l’eau de la première édition du festival.

C’est tout « sauf anodin pour quelqu’un né dans le Sahara de penser un Festival de l’eau ! » Et d’autant plus quand ce quelqu’un s’appelle Camel Zekri, virtuose compositeur et guitariste au croisement des ethno-musiques qui a posé ses valises à Athénor, Centre national de création musicale de Saint-Nazaire. Depuis son arrivée à bon port, l’an dernier, le nouveau directeur est au faîte de ses inspirations, à peine un projet achevé qu’un autre s’amorce. Prendre les devants sur les prochaines éditions, imaginer un projet dans le(s) projet(s), sa marque de fabrique, comme inscrite dans les gènes de ce « passeur d’art musical » à la pensée bouillonnante, et ô combien humaniste. Exemple tout trouvé avec la Semaine d’éducation contre le racisme où il réfléchit déjà à l’insertion d’un festival destiné aux enfants. « Aller au-devant des choses », l’une des caractéristiques de Camel Zekri, fait d’Algérie (ses origines), de Normandie (20 ans à diriger la Cie Les Arts Improvisés) et de Paris (sa ville natale) avec et sans capitale ! : « La prise de risque est un enjeu essentiel. Aujourd’hui, nous sommes dans une espèce de standardisation culturelle avec laquelle il faut rompre… Rompre pour offrir les conditions d’une rencontre. » 

Du Niger à Saint-Nazaire 

Rompre aussi « pour embarquer le public dans des histoires surprenantes », singulières, atypiques, innovantes. À l’image du Festival de l’eau. Une première qui n’en est pas vraiment une ! Plutôt « une continuité ». Une rencontre, sur le fleuve Niger, entre la musique improvisée contemporaine et les traditions musicales africaines, avait eu lieu en 1995. Un festival nomade, naviguant entre Sénégal, Mauritanie, Mali, Centre Afrique, Burkina Faso et Niger. Le Niger qui, cette année, aura son focus à l’occasion de cette nouvelle traversée sonore et musicale du territoire d’ici… Un concert, le 7 mai, avec Les tambours de Maradi et Yacouba Moumouni, célèbre flûtiste et ami de longue date de Camel Zekri. Et une exposition photo, du 8 au 13 mai à la galerie des Franciscains, signée Souleymane Ag Anara. Jeune et déjà grand reporter qui capture la souffrance, la beauté des peuples du Sahel, « la réalité complexe et méconnue d’une des régions les plus pauvres de la planète ». L’ambassadeur de France au Niger sera présent le jour du décrochage de l’exposition. « Une chance pour le festival de faire perdurer ce lien. » 

Dense, insolite et lunaire ! 

« Toutes les planètes étaient alignées pour que ce Festival de l’eau puisse se faire en un temps record ! », assure Camel Zekri, déjà bien remis de ce marathon que fut l’élaboration de cette programmation ultra dense ! Des chiffres à en donner le vertige : 20 artistes régionaux, internationaux et d’Outre-Mer invités, 6 créations, 31 propositions, 83 représentations, entre concert radiophonique, théâtre d’objets et mathématiques, théâtre musical, performance de rue, symphonie électroacoustique… Et cerise sur le bateau, des balades musicales, parfois contées en voilier, en kayak, à vélo, en chaland, de la poésie musicale flottante, des parcours sonores à pied ou dans un camion-scène ! Le Festival de l’eau, c’est aussi des spectacles jeune public, 6 ateliers, 1 expo, 12 établissements scolaires, 140 élèves, 4 Conservatoires ou écoles de musique, 70 musiciens, 9 communes (dont 7 de Saint-Nazaire Agglo) et 6 événements culturels associés. Parmi eux, Zones Portuaires, Focus belge, Côté Nature, la Nuit des musées, Art’up à Saint-Nazaire, et Déferlante à Saint-Brévin ! Un hasard de calendrier ? : « Non, cette manifestation aura toujours lieu entre le jeudi de l’Ascension et le lundi de Pentecôte. L’année prochaine, on sera sur la date de Grande Marée ! », avertit le créateur de ce festival qui sait s’arranger avec la Lune et « se mettre en accord avec les marées, la biodiversité, les oiseaux, les migrations, la nature, et tout l’environnement qui fait ce qu’il est… » : un festival à part. Porteur d’une conscience écologique.  

L’or bleu, un enjeu écologique 

Camel Zeki sait combien l’eau est précieuse, « le partage de l’eau rare des jardins de l’oasis de Biskra a nourri toute mon enfance », conscient que la raréfaction des ressources va marquer la géopolitique des décennies à venir. D’où l’intérêt d’agir, collectivement, autour de projets faits pour éveiller les esprits sur la gravité de la situation. Le Festival de l’eau fait partie de ceux-là. Il se déploiera autour de formes artistiques qui s’intéresseront, questionneront, s’interrogeront sur ces enjeux écologiques. « Une dimension qui devrait prendre tout son essor l’année prochaine au travers de réflexions partagées (conférences, ateliers, etc.) avec des chercheurs, des experts », et le Parc naturel régional de Brière (l’un des nombreux partenaires). Qui, s’il décroche le label Réserve de biosphère décerné par l’Unesco, inscrira le festival dans ses actions majeures. Avec, entre autres idées à inclure dans sa fiche de route, celle de remonter le Brivet jusqu’à sa source, source microscopique qui se trouve sur le territoire de Guenrouët. 

Vaste territoire 

Avec son fleuve, son estuaire, sa Brière, ses marais, son océan, ce territoire est « l’un des mieux servis pour pouvoir parler de l’eau », dont « il est essentiel de célébrer et de partager ». Un territoire d’eau sur lequel les artistes posent un regard sensible, « invitant ainsi le public à regarder, à entendre la beauté de cet environnement ». Qu’il soit naturel, urbain ou bien industriel. Pour Les eaux s’accordent, la compositrice électroacousticienne nantaise Aude Rabillon est allée du côté de Donges, explorer, sonder, capturer le bourdon de la raffinerie, le crépitement des flammes jaillissant des torchères avant d’allier ses sons à ceux collectés par ce quintet d’artistes au féminin. « Une création unique en France » qui se déroulera la nuit tombante sous la Halle du Petit Maroc (18 mai). Un feu d’artifice sonore pour les yeux qui donnera le ton d’un festival prêt à se jeter à l’eau !