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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Marcello mio

(France 2024) comédie de Christophe Honoré avec Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Benjamin Biolay.
2h.

Note de la rédaction :

Marcello mio est l’histoire un peu folle de Chiara Mastroianni qui devient son père… Marcello. C’est l’histoire d’une femme, d’une actrice, d’une fille de deux acteurs très célèbres, qui à un moment de doute, décide plutôt de vivre comme son père au lieu de continuer à vivre sa propre vie. Alors, elle commence à s’habiller comme lui, à parler comme lui, comme une sorte de métamorphose. À l’instar de son père encore, qui avait déconstruit sa masculinité dans La Nuit d’Antonioni, Chiara franchit elle aussi la frontière du genre en déconstruisant ici sa féminité. Face à cette métamorphose, sa mère Catherine Deneuve se montre dans un premier temps perplexe, son ex-mari Benjamin Biolay, légèrement indifférent, son premier amour Melvil Poupaud et la réalisatrice Nicole Garcia, en colère. Seul Luchini l’encourage, sans doute parce qu’il aurait rêvé de rencontrer Marcello… 

Mais la comédie de Christophe Honoré est surtout une méditation existentielle sur ce qu’est la famille, sur ce qu’on hérite de ses parents ou pas. Plus précisément, elle pose la question de la filiation quand ses parents sont puissants, parfois écrasants. Comment trouver sa propre place quand l’identité semble se réduire à sa filiation ? Comment s’affranchir de ses parents quand nous sommes sans cesse renvoyés à eux ? À l’image de cette scène où la réalisatrice Nicole Garcia (dans son propre rôle) demande à Chiara (dans son propre rôle également) d’être « un peu moins Catherine et un peu plus Marcello… » Une réplique qui donne le ton d’un film qui prend cependant vite le parti de la fantaisie avec une Deneuve en birkenstock ou associée à La Chevauchée des Walkyries lorsque sonne le portable de sa fille.  

Si le film se veut ludique, il raconte aussi le manque. Celui d’un père. Il raconte encore comment les fantômes aident les vivants et comment aller les chercher, ces fantasma*. Finalement que ses parents soient morts ou vivants, quel enfant n’a jamais porté leurs vêtements pour jouer à être eux ? Car le déguisement n’est-il pas un moyen de construire et de prolonger le dialogue intérieur avec eux ? Cette fable farfelue, portée par une troupe prestigieuse, est emplie de douceur, de tendresse et de délicatesse, en même temps qu’elle rend un hommage émouvant à Marcello Mastroianni. Marcello mio est ainsi : parsemé de facéties et d’allusions à la filmographie de ce monument du cinéma européen (Nuits blanches, La dolce vita, etc.) Après Les Chansons d’amour, en compétition à Cannes en 2007, Marcello mio, également en sélection cette année, prolonge l’enchantement lorsqu’il se fait musical avec quelques jolis morceaux interprétés par Benjamin Biolay, Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni. Une très belle partition. 

* fantômes en italien