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[zoom] Furiosa : une saga Mad Max

(États-Unis, Australie 2024) action de George Miller avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Alyla Browne.
2h28.

Note de la rédaction :

Après la sing guilty pleasure* avec Double je de Tortue**, le movie guilty pleasure ! Expression – il est vrai, qui sonne mieux en anglais qu’en français – pour définir cette petite friandise aussi délicieuse qu’inavouable à consommer de préférence incognito, bien à l’écart du gotha de la bien-pensance, si l’on tient à conserver intacte sa réputation, et éviter tout sabotage social…  

Galéjade à part (ou pas, selon là où l’on se situe !), la saga Mad Max de George Miller fait partie de ces péchés (mignons) peu “respectables”, que l’on préfère garder pour soi, à l’abri des regards et des qu’en-dira-t-on… Mais auxquels, patatras !, on ne résiste pas. Allez savoir pourquoi ? Des années de psychanalyse ne suffiront pas à saisir le sens caché de ces digressions, qu’elles soient musicales ou cinématographiques ! Alors, pour faire court et simple, disons que c’est ainsi, et pas autrement. 

S’excuser de l’inexplicable comme pour mieux avouer ses faiblesses ? Pas forcément, car dans l’inexplicable, il y a toujours une raison, une part de raison irraisonnée caractérisée par cet élan de liberté, qu’est celle de pouvoir penser autrement, et d’aimer ce que nous-mêmes nous ne nous autorisons pas, au grand jour, d’aimer, sans doute pour “faire bien” en société !  

Bref, osons et clamons-le haut et fort. Huit ans déjà après l’inoubliable Fury Road, voilà que le maître de la science-fiction fait de nouveau hurler les moteurs d’une saga qui n’en finit pas de nous scotcher. Malgré quelques infimes imperfections, ce dernier opus, extension futuriste de la série culte des années 80 est furieusement hypnotique. George Miller a su, encore une fois, en extraire sa substantifique moelle avant de l’ériger en une véritable œuvre d’art.  

Tableau XXL qui n’est pas sans faire écho au dernier et troisième volet du Jardin des délices de Bosch qui nous ouvre les portes de L’Enfer. À l’image de Wasteland, contrée post-apocalyptique où le chaos est maître et le sang coule à flots. Où la guerre des clans fait rage, chaque tribu prête à trancher la tête (ou pire) à qui viendra convoiter ses ressources, si précieuses dans ce vaste désert qui pue la mort à plein nez. Un scénario dystopique et trash qui pourrait vite lasser si l’esthétique visuelle, bluffante, n’était pas au rendez-vous. Des paysages à couper le souffle, des ambiances crépusculaires, des décors dignes des plus grands blockbusters, des costumes organiques de haute couture, des personnages aux grimages architecturaux,. Comment ne pas fondre devant la ligne squelettique des Wars boys ? Devant les courbes acérées de la vengeresse Furiosa, incarnée non plus par Charlize Theron mais par Anya Taylor Joy ? Ou encore devant, à Thor ou à raison, la structure imposante de Christopher Hemsworth, alias Dementus, monstre loufoque (et presque attachant), gourou sanglant et complétement barré, un mix improbable de Jésus, César et Conan le Barbare ! Et Mad Max ne serait pas Mad Max sans ses effets spéciaux musclés, et le vrombissement de ces montures en métal chevauchant les plaines désertiques à 1000 à l’heure… Moins ma came, mais ça aussi, étrangement, ça passe ! Allez comprendre 🙂 

 

* plaisir coupable
** Christophe Willem