[zoom] Vingt Dieux
(France 2024) drame de Louise Courvoisier avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret.
1h30.
Le monde agricole vu à travers le prisme de sa jeunesse. Un angle peu exploité dans le 7e art, que Louise Courvoisier a porté, avec sa bande de jeunes acteurs non-professionnels mais bluffants en diable, à bras-le-corps… de ferme ! Un joli petit écrin cinématographique qui se situe à la croisée des genres. Docu-réalité ? Drame social ? Comédie rurale ? Romance au lait de rose ? Vingt Dieux, c’est un peu tout cela à la fois, un concentré sucré-salé de ces ingrédients à déguster – avec ou sans modération, à vous de voir – à la petite cuillère, pour mieux en saisir la quintessence, ou pas.
Vingt Dieux, c’est un hors-champ du 7e art plein de fugacité, d’authenticité, d’une poésie fleurie au naturel écrite avec justesse, et parfois maladresse. Maladresse dont on fait fi. Car si l’œuvre n’est pas à la hauteur de l’emballement médiatique qu’elle a suscité avant même sa sortie sur les écrans, elle a au moins cette grâce d’exister, et de mettre le doigt là où ça fait mal. Être agriculteur aujourd’hui, comme hier d’ailleurs, est plus qu’un métier, c’est un sacerdoce qui peut coûter cher, très cher.
Et quid de la jeunesse ?, n’en parlons pas. En fait si, et bien que Louise Courvoisier le fasse déjà avec force sincérité et grande intelligence – ce qui lui a valu le Prix Jean-Vigo et celui de la Jeunesse à Cannes –, des films comme celui-ci, il en faudrait davantage, et plus encore. Encore plus, sous les feux des projecteurs, de Totone et de Marie-Lise, magistralement incarnés par Clément Faveau et Maïwène Barthelemy, tous deux dans le métier (dans la vraie vie vraie !). Des personnages puissants d’humanité et de tendresse qui vont nous inviter dans ce quotidien qui est le leur, entre fêtes de village alcoolisées, concours de stock-cars et travail à la ferme. Un corps-à-corps avec la vie, qui ne fait pas de cadeau ; avec la réalité de cette profession, que l’on sait d’une rudesse absolue ; avec ces ados désœuvrés qui font tout pour s’en sortir. Un corps-à-corps amoureux aussi, qui prend corps dans l’un de ces petits villages du Jura où le Comté est roi. Louise Courvoisier dessine là un tableau clair-obscur, simple, efficace et poignant, et rend ainsi un bel hommage à cette jeunesse rurale, solidaire, et solaire, malgré tout.