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La fille de l’Iranien

Entre récit familial et roman historique, Pascal Delvigne et Valérie Legorgeu racontent avec sobriété l’histoire de Blanche dans le Pornichet des belles villas.

C’est à la fois un récit intime et un roman historique. Une tragédie qui va s’inscrire dans les grands bouleversements de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. La fille de l’Iranien raconte le destin de Blanche, une femme qui inconsciemment veut s’affranchir des conservatismes et des traditions familiales et qui va tomber follement amoureuse d’un étudiant iranien, qui, malgré sa bonne naissance, est considéré comme un « métèque », un « arabe ». De leur passion naîtra une fille, Claudine. Blanche a voulu sortir de sa condition sociale trop tôt, instruite grâce à une famille riche de médecins parisiens. Elle a voulu s’épanouir dans une société où les rigidités sont marquées par l’origine familiale.

Ce récit romancé n’est autre que la biographie familiale d’un des deux auteurs, Pascal Delvigne.

« Toutes les personnes dont nous racontons la vie ne sont plus de ce monde, et parce que la mémoire a laissé quelques zones d’ombre, il nous a fallu inventer. Il ne s’agissait pas forcément de tabous, mais d’oublis, de détails absents, et pourtant essentiels. C’est ainsi que nous avons tissé des liens là où ils étaient absents. Nous avons comblé des vides en romançant », écrit Valérie Legorgeu dans son blog La valse des mots dans lequel elle raconte le processus de création du livre.

Ce roman nous plonge dans une terre jusque-là sauvage qui va se transformer en quelques années au « son du chemin de fer, de la Navale et de l’éclosion balnéaire ». C’est alors l’époque des belles villas pornichétines où la bourgeoisie parisienne vient profiter des bienfaits de l’air marin. C’est aussi l’arrivée de nombreux migrants, des paysans ruinés du centre de la France et des grandes familles aristocratiques russes parties en exil depuis la révolution bolchevique d’Octobre 1917. Saint-Nazaire et la presqu’île deviennent alors le nouveau « Far Ouest français ».

La fiction est ici au service de la réalité. Les deux auteurs ne sont pas tombés dans l’écueil de l’hagiographie. Pascal Delvigne a mis à nu son histoire avec une grande simplicité.