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Quand les tracts sourient…

Mon copain Lulu enfile sa vareuse à galons, son béret et met son nez rouge. Moi je boutonne mon imper jusqu’au dernier bouton, j’ajuste mon petit chapeau mou et mets également mon nez rouge.

Chef Cabochon et Boucachon sont en place, devant le marché, un dimanche 25 mars au matin, des tonnes de tracts à la main. Nous invitons les passants à participer à la Fête de la Peur.

Des tracts, dieu sait si j’en ai distribué. Si on les mettait bout à bout, je suis sûr que je pourrais faire deux allers-retours Saint-Nazaire-Tombouctou. Mais nous n’en menions pas large : deux jours auparavant un illuminé venait de massacrer quatre personnes à Carcassonne. La peur, ça existe. Nous nous étions dit que ce ne serait pas simple d’inviter les gens à une Fête de la Peur, qu’il faudrait dire les choses avec bienveillance, gentillesse. Et nous nous sommes appliqués.

Surprise. Les gens s’arrêtent et prennent les tracts. Certains font même un petit détour vers nous, sourient, semblent compréhensifs.

– Merci.

– C’est imprimé des deux côtés, vous savez.

– Vous avez raison, la peur il vaut mieux en parler.

A côté de nous, les copines du CEMEA discutent avec les passants. S’adressent aux enfants. Leurs parlent du thème de cette année : le soupçon. Les gamins écrivent sur des petits papiers. L’atmosphère est tranquille, ouverte au dialogue. Ca fait du bien.

Bien sûr, peu iront à l’une des animations proposées tout au long de ce dimanche. Mais tous lisent le papier. Ce dimanche, des centaines de personnes sauront qu’à Saint-Nazaire plein d’associations luttent contre le commerce de la peur. Lulu et moi pouvons retirer notre nez rouge. Le boulot est fait. Avec le sourire.