Le sursaut
Nous avions annoncé la sortie du roman du Nazairien d’adoption Rod Gayrard en juin dernier. Petite piqûre de rappel à l’occasion de la rencontre-dédicace organisée ce samedi 22 septembre.
Georges est un homme banal au crépuscule de sa vie. Une vie terne, un couple sous anesthésie, ni bonheur ni malheur. Un jour égal à un autre, sa femme ne rentre pas à l’heure habituelle, et la machine s’emballe : Georges quitte la maison et prend la route jusqu’à Bourges, à pied, pour tenter de retrouver son ami Talard. Mais l’ami a vieilli, et la réalité est violente : “On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve”* et Georges comprend qu’il lui est impossible de reprendre son histoire au point où il avait abandonné sa jeunesse. Il est comme égaré en lui-même : quel est ce masque de vieillard qui lui colle au visage, où est passée sa vie ?
Mais Georges n’est pas encore mort, le point final n’est pas écrit. Comme un enfant, de pas en pas, de rencontre en rencontre, il va apprendre à renaître aux sensations, aux émotions, aux paysages, aux autres. Il va apprendre à vivre les jours, les heures, les minutes, les secondes qui lui restent.
Le sursaut ? Rod Gayrard le décline ici dans ses trois définitions, de la plus prosaïque à la plus tragique. Comme le mouvement réflexe d’un animal surpris, comme le dernier courage d’un homme qui se redresse enfin, comme les derniers rayons d’un astre proche de sa disparition. Il réussit une sorte de bref road-
movie dont on appréhende déjà la fin et dont on ne sait s’il n’est pas seulement le dernier voyage mental avant le grand tunnel blanc, l’ultime tentative de fuite.
Avec poésie et parfois humour, Le sursaut laisse derrière lui les regrets du passé inaccompli pour s’attabler au dernier repas, savoureux.
Nous attendons avec impatience que Vagabond du travail, un autre texte de Rod Gayrard qui vient de paraître au Québec, arrive jusqu’à nous.
* Du philosophe Héraclite.