[zoom] Sauver ou périr
(France 2018) drame de Frédéric Tellier avec Avec Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Vincent Rottiers.
Durée : 1h56.
Frank a bossé dur pour atteindre son rêve : appartenir au grand corps des Sapeurs Pompiers de Paris. Fidèle à la devise de sa corporation, “Sauver ou périr”, il assume avec humanité et courage son rôle de premiers secours sur le front des noirceurs de la Ville Lumière. S’il vacille parfois quand une action de terrain vient le bouleverser, il puise de la force dans la solidarité des femmes et hommes de sa caserne, auprès de Cécile, sa femme aimante, et de ses deux petites filles. La peur ? Pas question de s’y arrêter, et surtout d’en parler. D’ailleurs, n’a-t-il pas fait la promesse à Cécile « qu’il reviendra toujours ». Jusqu’au jour où il ne revient pas, ou plutôt où il ne revient pas entier : le feu lui a dévoré le visage.
Fréderic Tellier découpe son film en deux parties qui se font écho. La première, consacrée au quotidien du jeune pompier, nous montre à voir les entraînements sportifs, les rituels, la rigueur, la solidarité, la jeunesse, l’amour, la vie heureuse d’une famille. Mais aussi la pression de l’urgence et le silence au retour d’une intervention pour protéger ses proches des images les plus sordides du monde, les protéger de l’inquiétude n’étant guère possible. Comme une double vie nécessaire rythmée par les appels des sirènes.
Après la rupture de l’accident, la seconde partie nous plonge dans le corps douloureux d’un homme emprisonné derrière un visage disparu à jamais. Après deux ans dans un service de grands brûlés, de multiples opérations et beaucoup de rééducation, il s’agit de réapprendre à vivre « avec un visage qui ne porte plus d’histoire ».
Sous une forme cinématographique classique, sans fioriture, Sauver ou périr est un vertige qui se suffit à lui-même : Frank voulait “sauver” les autres de la violence du monde et de la perméabilité entre vie
et mort, il en porte maintenant les marques de détresse. Dévasté par la colère, la révolte, pourra-t-il accepter de rejoindre la horde des souffrants ? Accueillera-t-il l’aide de ceux qui l’aiment ?
Mais tout cela ne serait rien sans Pierre Niney, dont nous connaissions pourtant déjà les qualités depuis Yves Saint-Laurent ou Frantz… Qu’il soit ici jeune pompier d’une totale détermination, tendre jeune homme sous le rempart des muscles ou mari amoureux, il nous bouleverse. Et que dire de cet homme égaré qui hurle de tout son corps sous son masque larvaire, d’un jeu d’acteur si sensible au service d’un personnage et d’une histoire ? Seulement : chapeau bas.
Avis à chaud d’un spectateur
« Je n’ai plus de kleenex, je vais vite traverser le hall en cachant mes yeux et rentrer chez moi. » Marie-Christine, 45 ans