Les quais de la mémoire
Saint-Nazaire en mémoires 2/4
La Maison de quartier d’Avalix édite un recueil de témoignages d’habitants ayant vécu la guerre et/ou la Reconstruction, un puzzle de regards et de souvenirs à reconstituer.
« Le projet est né d’un partenariat avec la Cie Banc Public avec qui nous travaillons depuis quatre ans. Nous avons eu l’idée de ce collectage de témoignages d’habitants qui serviraient de matériau pour l’écriture d’un texte en vue de la prochaine création de notre atelier théâtre », resitue Marie-Pierre Sou, directrice de la Maison de quartier d’Avalix.
C’est au biographe Christophe Tézier qu’il a été demandé de tendre l’oreille puis de prêter sa plume aux treize personnes* qui ont accepté de replonger dans leurs souvenirs. Les quais de la mémoire, le recueil de ces récits passés au prisme de la remembrance, couvrent le vaste champ d’une même période pourtant vécue de façons différentes selon les âges, les familles, les personnalités, les chances et les malchances. Nous voici plongés dans une mémoire vivante où, sur fond d’une même Histoire, aucune histoire ne se ressemble.
« Cela a été un plaisir de se raconter. Ce n’est pas que cette période soit couverte d’une chape de silence, mais nous avions à l’époque tous envie de passer à autre chose, d’aller de l’avant. Il est important de transmettre avant que les personnes ne soient plus là », précise Jacqueline Colin.
Des souvenirs qui ne sont pas tous noirs, loin de là : « Pour nous, gamins, la ville détruite était un fabuleux terrain de jeu, et la Reconstruction était comme la naissance d’une nouvelle ville. On était des grandes familles, on se connaissait tous, il y avait un esprit de quartier. Dire les choses n’est pas rester dans la tristesse », insiste l’ancien boxeur Guy Belliot.
« On parle de devoir de mémoire, mais pas assez d’effort de mémoire. L’Histoire vivante est dans le rapport entre la petite et la grande histoire. Saint-Nazaire avait jusque dans les années 90 une tradition purement orale car on était pour le collectif et non pour la parole écrite individuelle. La ville souffrait de ne pas savoir raconter son histoire. Depuis, les choses ont bougé, la pensée intellectuelle des coopératives, des syndicats, des associations et des collectifs a été réhabilitée. Il faut écrire, une ville c’est aussi une narration », explique Joël Batteux, ancien maire, arrivé enfant à Saint-Nazaire dans les années 50.
De tous ces récits subjectifs ressort toutefois un point commun : la narration d’une ville de solidarité.
* Jean Allain, Albertine Valaize Briand, Guy Belliot, Jacqueline Colin, Huguette Glaud-Béziers, Marie-Madeleine Dieulengard, Gérard Le Blouch, Annie Leclerc, Jacques Le Thily, les frères Jean, Bernard et Christian Tessier, Andrée Thoby-Guéno.
Les quais de la mémoire : à commander en souscription auprès de la Maison de quartier d’Avalix (3, rue du docteur Calmette), Saint-Nazaire.
Renseignements : 02 40 70 95 92.
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///// THÉÂTRE /////
Une femme dans la tourmente, une pièce de théâtre à partir de ces témoignages, est en cours d’écriture par Jean-Luc Poultier. Une représentation du 1er acte aura lieu début juin 2019 à l’alvéole 12 de la base sous-marine avec les comédiens amateurs de l’atelier théâtre mené par la Cie Banc Public à la Maison de quartier d’Avalix, dans une mise en scène de Cathy Bouëssé. La pièce sera jouée dans son intégralité en juin 2020.