« J’ai voulu faire un film populaire »
Rencontre avec l’auteur comédien metteur en scène Alexis Michalik, réalisateur du film “Edmond”.
Estuaire. D’abord une pièce, ensuite un film, vous remettez sans cesse le métier sur l’ouvrage…
Alexis Michalik. Je porte Edmond depuis des années. J’avais commencé par en écrire un scénario de film, mais je n’avais pas trouvé de financeurs. Je l’ai ensuite adapté au théâtre. C’est grâce au succès du spectacle que j’ai pu tourner le film. Mais ce n’est pas du théâtre filmé, j’insiste, c’est du cinéma. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai changé la distribution, j’avais envie de sang neuf, je voulais éviter la redite.
Ce film porte toute la sensualité du théâtre. On y respire la poussière des costumes et des coulisses, on y sent l’odeur des fards, on y entend les machineries. Cela ressemblerait-il à une déclaration d’amour ?
Oui, j’aime les comédiens et la discipline du théâtre. J’ai puisé dans mon expérience pour nourrir la fiction, les relations entre les différents corps de métier, et même les rapports aux producteurs. J’ai voulu faire un film populaire, comme Cyrano fut populaire dès sa création bien qu’en cinq actes et en vers, pour toucher les spectateurs, ceux qui vont au théâtre, bien sûr, mais surtout les autres.
Entre votre expérience personnelle, l’épopée théâtrale qu’est Cyrano de Bergerac, la mise en abîme de votre narration où l’on voit Edmond Rostand en pleine terreur devant la page blanche se nourrir des événements qui l’entourent pour écrire sa pièce, comment avez-vous articulé vérités historiques et fiction
Certains personnages ont bien existé, comme la poétesse Rosemonde, l’épouse d’Edmond Rostand. Thomas Solivérès, qui interprète Edmond, a lu furieusement la totalité de sa correspondance qu’il a trouvée à la Bibliothèque de France pour élargir le champ de l’interprétation de son personnage. Au-delà d’une grande précision historique, car je rappelle que ce film est le récit de la création de Cyrano, donc un film sur Edmond Rostand et non sur Cyrano de Bergerac, fiction et réalité se mélangent, avec des personnages totalement imaginés, comme Honoré, le patron de restaurant, ou Jeanne, le pendant de Roxane qu’aime l’acteur Léo. Edmond s’inspire de sa vie pour écrire son œuvre, je m’inspire de la mienne, les acteurs aussi. J’ai joué avec les passerelles de la création.
Lire notre zoom pour le film Edmond.