[zoom] Ma vie avec John F. Donovan
(Canada 2019) drame de Xavier Dolan avec Kit Harington, Jacob Tremblay, Susan Sarandon.
Durée : 2h03.
Un petit garçon attend avec surexcitation une lettre. Une télévision annonce la mort à 30 ans de l’acteur John F. Donovan. Le même petit garçon devenu jeune homme et acteur rencontre une journaliste reporter de guerre (?) pour lui parler du livre qu’il vient d’écrire où il raconte la correspondance qu’il a entretenue avec John F. Donovan quand il était enfant…
Xavier Dolan a décidé de débuter son récit par la fin avant de le poursuivre par des allers et retours dans le temps. Puisant une nouvelle fois dans sa propre biographie – à 8 ans, le réalisateur a lui-même écrit à son idole Leonardo DiCaprio à la sortie de Titanic, sans réponse cette fois –, il nous raconte la passion du petit Rupert pour un comédien de série TV à succès et l’échange épistolaire qui s’ensuivit. Si cette relation entre un adulte célèbre mal dans sa peau et un gamin surdoué qui rêve de trouver sa place dans le monde du cinéma est touchante parce qu’improbable, la construction alambiquée du film nuit fortement à l’adhésion. On retrouve les thèmes de prédilection du réalisateur, l’identité, l’homosexualité, l’amour dangereux des mères, mais ici grossis jusqu’au mélodrame et parfois la puérilité. Il semblerait presque que le cinéaste prodige reprenait aussi le temps à l’envers en accumulant, à 30 ans, les erreurs de jeunesse qu’il n’avait pas faites à 20 dans J’ai tué ma mère ou Les amours imaginaires. Il est vrai que le choix de Kit Harington pour le rôle de Donovan et de Jacob Tremblay pour celui du garçonnet ne lui a pas servi, le premier ne transcendant pas la caméra par son expressivité et le second ayant trop d’aisance devant la même caméra avec déjà, à son jeune âge, treize films à son actif…
Un film brouillé par le tumulte, donc, envahi de figures de style, souvent grandiloquent, mais constamment sincère. Et puis, les mères sont toujours aussi bien filmées (Nathalie Portman et Susan Sarandon)… Alors, une erreur de trentenaire ? Probablement. Pour résumer, on attend avec impatience le prochain Dolan, comme un rendez-vous.
Avis à chaud d’un spectateur
« J’ai un amour particulier pour Xavier Dolan, je lui pardonnerais bien tout. Je me demande juste si Hollywood et la langue américaine lui conviennent vraiment, il en perdrait presque sa finesse. »
(Solène, 30 ans)