Enez Houad
“Enez Houad” : le nom breton de l’île de Houat, celui du bateau de pêche recyclé en courrier régulier dans les années 70… et le titre du dernier ouvrage du Nazairien Pierre Joubert : une boîte remplie de coquillages glanés au fil des ans.
D’abord le port de Quiberon, la Tourelle, le phare de la Teignouse… Embarquer pour Houat comme pour un voyage vers des contrées lointaines. Puis les bateaux de l’île, les chalutiers, les caseyeurs, les plates, aux noms définitivement aboutés à ceux de leurs capitaines : L’Aventurier et Hervé Le Gurun, L’Astre des mers et Benoît Leroux, L’Orphie et Claude Le Berre, L’Eskdavon et Maurice Le Gurun, le Youl-Vat et André Le Gurun. Encore un Le Gurun, comme encore un Le Berre ou un Leroux, les noms de famille ne sont pas nombreux sur cette petite île où les hommes ont la mer comme seconde épouse. Quant au Saint-Marcois Pierre Joubert, c’est l’île toute entière qu’il a mariée dans sa première jeunesse et à laquelle il rend hommage aujourd’hui à travers ces “Chroniques illustrées de mes séjours sur l’île de Houat”.
Textes, carte de l’île, paroles d’une chanson du Nazairien Jean-Yves Le Bellec, dessins et aquarelles s’y enchevêtrent, fusionnant les couleurs des étés passés à s’enivrer du grand air iodé, les rochers, les plages, les pierres des maisons et le bois des portes.
On ne sait si Pierre Joubert s’absorbe dans le détail parce qu’il peint ou s’il peint parce qu’il s’absorbe dans le détail, mais l’émotion et la beauté simple sont bien présentes ici, nichées dans les mailles d’un filet ou d’un casier, entre les rayons d’une carriquelle du même bleu glaz que la mer, sur les écailles d’un bar sauvage ou la rouille d’un vieux bidon. Terre et océan, nature et travail humain composant « une promenade incertaine », éblouie de lumières impérieuses, attendrie d’un nuage de nostalgie. Comme une déclaration d’amour à cette île rencontrée il y a cinquante ans et où le temps semble s’écouler au ralenti.