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Spectacles # Saint-Nazaire

So Schnell

Dernière création du chorégraphe Dominique Bagouet avant sa disparition trop rapide, "So Schnell", pièce majeure du répertoire de la danse contemporaine, revient sur scène dans une nouvelle mise en lumière.

En décembre 1992 s’éteignait, à 41 ans, un des plus importants chorégraphes français de danse contemporaine, juste après avoir eu le temps de peaufiner pour la cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon une deuxième version de son spectacle So Schnell (« Si vite » en allemand), créé deux ans auparavant pour l’inauguration de l’Opéra Berlioz du Corum de Montpellier. Une œuvre éclatante portée par douze danseurs dont les tenues aux couleurs vives inspirées du pop art jaillissaient tels des traits de peinture. Dominique Bagouet offrait ainsi une chorégraphie comme il les désirait et imaginait, ciselées et rageuses, sur la cantate BWV 26 de Jean-Sébastien Bach, mais aussi très intimes. « Guidé par le charme de ce grand tissu d’espace, porteur de lignes, de points et de contrepoints, j’ai inséré entre chaque mouvement des jeux sonores provenant de machines industrielles de bonneterie, ces rythmes et ces sons directement liés à mon enfance, à la petite entreprise textile familiale accolée à la maison », expliquait-il alors. 

Garder une mémoire vivante 

La disparition prématurée de Dominique Bagouet a de suite posé la question de la sauvegarde de son écriture chorégraphique aux membres de sa compagnie. Ils fondent donc l’année même de sa mort l’association les Carnets Bagouet, qui se donne pour mission l’archivage et, surtout, la transmission de la totalité de son œuvre aux jeunes générations. C’est ainsi qu’elle est entrée au répertoire des Opéra de Paris et de Lyon, et du Grand Théâtre de Genève. 

Aujourd’hui, c’est Catherine Legrand, danseuse du So Schnell originel, qui reprend le flambeau en recréant un So Schnell fidèle et libre à la fois. Ici, plus de pop art, mais une lumière épurée propre à souligner la précision et l’énergie de la gestuelle recherchées par Dominique Bagouet. Mouvements subtiles, inclinaisons des corps, pieds et mains qui dansent… Tout ce qui faisait la particularité de cet artiste novateur d’exception. Et c’est avec émotion qu’Annabelle Pulcini, qui participait également à la création du spectacle, danse dans ce So Schnell, entre mémoire et art vivant qui continue à se transformer. 

« J’ai préparé des pages de trames précises de construction chorégraphique au service d’un vocabulaire soucieux d’énergie et d’exploration, l’expression d’une énergie contraire à tout prix, qui s’opposerait au temps, ferait vibrer les sens, dirait la joie presque subversive de danser sans donner prise, le moins du moins, au fatal », disait Dominique Bagouet.
L’ardeur de la création, la danse comme expression du désir de vivre. Un moment exceptionnel et émouvant.