[zoom] Maria rêve
(France 2022) comédie de Lauriane Escaffre, Yvo Muller avec Karin Viard, Grégory Gadebois, Philippe Uchan.
1h33.
Les Minions n’ont qu’à bien se tenir ! Quel rapport ? Aucun ! Ah ! Sinon que Maria rêve (surtout Maria, d’ailleurs) a tout d’un Minion. Certes, la corrélation est un poil capillotractée. Mais corrélation tout de même ! Incarnée, égale à elle-même, Karine Viard fait montre une nouvelle fois d’audace en revêtant la blouse (taillée sur mesure, il est vrai) de l’actrice sociale en pleine révélation, voire révolution de son être intérieur… Une sorte de métamorphose intégrale que son personnage, Maria, vit, non sans légèreté. Car franchir la ligne (qu’importe sa couleur) n’est jamais chose aisée, n’est-ce pas Maria ?
Le fait est… Maria est là. Un peu gourde, maladroite, touchante et “minionette”. Tous les matins, elle prend le RER D, quitte sa banlieue pour rejoindre les Beaux-Arts de Paris afin d’y exprimer tout son potentiel… ménager ! Car oui, Maria est femme de ménage et qui plus est, d’un Portugais du bâtiment au chômage (assez cliché, non ?) Elle se retrouve “projeter” dans un univers qu’elle ne semble avoir jamais côtoyé jusqu’alors (assez cliché, non ?)
Bref, le fait est… Maria est là. Aux Beaux-Arts, le lieu par excellence de la liberté, de l’audace. Et s’émerveille d’un rien ! Tout à tour étonnée, perplexe, puis en admiration devant ce qu’on peut appeler l’art du pourrissement. A l’image de cette barquette de beurre qui fond, dégouline de tout son “corps” avant de se répandre en moisissure. Tout un art celui de composer la décomposition ! Et tout art de ne pas confondre cet objet dit d’art avec l’objet dit du quotidien, n’est-ce pas Maria ?
Autant dire que le film n’y va pas de main morte, l’art contemporain vu par le “bas peuple” (assez cliché, non ?) en prend pour son grade ! Mais Maria semble s’y faire, et s’y plaire. Comme elle commence à apprécier Hubert, l’homme à tout faire, un nounours au cœur tendre qui, entre délires et échappées artistiques, va la révéler au grand jour, comme on révèle une œuvre cachée, en soulevant ses draps blancs devenus trop poussiéreux au fil du temps…
Maria va-t-elle parvenir à se dépoussiérer ? A se mettre à nu ? A oser ? Maria rêve est une comédie romantique, tendre, drôle, légère aux poncifs aisés. Qui ne fait de mal à personne.
Un film dédié à toutes les Maria ! Et pourquoi pas aux Manuella, caissières, aux Marina, auxiliaires de vie, à toutes ces femmes que l’on croise sans croiser, que l’on regarde sans regarder, que l’on écoute sans écouter ? Vous savez, ces invisibles qui travaillent la nuit, tard, se lèvent tôt, trop tôt pour rendre nos vies plus faciles, plus propres. Et à qui l’on ne dit que trop rarement bonjour et merci… Vous savez, ces femmes artistes performeuses à leur manière qui font de leur art une performance au quotidien.
Et si on passait un grand coup de plumeau sur nos préjugés ? Et à deux fois, n’est-ce pas Maria ?