[zoom] Simone, le voyage du siècle
(France 2022) biopic d'Olivier Dahan avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez.
2h20.
Simone Veil est un personnage romanesque. Une figure de notre histoire aujourd’hui panthéonisée. Après Edith Piaf (La Môme en 2007) et Grace Kelly (Grace de Monaco en 2014), Olivier Dahan s’attaque à une mémoire encore d’actualité. Ce n’est certes pas le biopic de l’année. Sur la forme cinématographique, le réalisateur tombe parfois dans les écueils de l’hagiographie la plus académique qui soit, aux antipodes de Blonde d’Andrew Dominik un portrait fiction déstructurée de la légende hollywoodienne Marilyn Monroe sorti en septembre dernier sur Netflix. La reconstitution, alimentée par la vie tragique de cette “grande dame”, arrive à vous tirer une larme. Reste que ce portrait dévoile la pudeur entretenue par cette femme. La lumière ainsi mise sur l’intimité de cette femme politique peut déranger.
Hantée par la disparition de son père et de son frère, déportés en 1944 vers une destination inconnue, hantée par la mort tragique de sa sœur rescapée comme elle, décédée dans un accident de voiture quelques années après leur retour en France. Hantée par la mort de sa mère qui perdit la vie du typhus dans le camp de Bergen-Belsen (Allemagne). « Ceux qui sont trop bons ne survivent pas dans les camps. Il faut savoir être dur », retiendra-t-elle. Une dureté qui lui permit de résister publiquement aux attaques antisémites, à la mysoginie, au sexisme. Mais Olivier Dahan dévoile aussi une femme sensible à l’injustice et à la tragédie des autres. Comme cette scène, alors qu’elle occupe le poste de ministre de la Santé qui tombe en larmes auprès d’un malade du Sida.
Au final, il ne fait pas de doute que Simone Veil est une féministe. Retenant les leçons de sa mère : pour qu’une femme soit indépendante, elle doit travailler. Simone Veil voulait devenir avocate mais dans son milieu bourgeois, cela n’était pas convenable. Elle deviendra alors magistrate. Elle se battra pour la condition sanitaire et morale au sein des prisons françaises. Sans oublier son rôle primordial en faveur de la loi autorisant l’IVG en 1974. En politique, elle combat « la droite moraliste et la gauche sectaire ». Simone, le voyage du siècle, d’Olivier Dahan est une œuvre didactique. Un hommage vibrant et nécessaire.